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Les plus grosses plateformes d'échanges cryptos ne sont pas à l'abri d'un effondrement

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C'est ce qu'estime David Siemer, le patron de Wave Financial, une société de gestion spécialisée dans les cryptomonnaies.

L'effondrement du géant américain FTX rebat les cartes dans l'univers des plateformes d'échanges de cryptomonnaies dites centralisées (CEX), qui permettent notamment de vendre, d'acheter ou de stocker les clés privées de ses cryptomonnaies. Or, prenant conscience de l'importance de posséder eux-mêmes leurs cryptomonnaies, de plus en plus d'utilisateurs ont décidé de les retirer des CEX et de les stocker sur des portefeuilles ("wallet"), plus sécurisés.

Des retraits des plateformes qui, effectués en masse, peuvent déstabiliser celles qui ne disposent pas de fonds nécessaires pour faire face à une telle demande. C'est dans ce contexte de méfiance que FTX n'a pas réussi à tenir le choc, faisant faillite le 11 novembre. Alors que le géant américain était la deuxième plus grosse plateformes de cryptos et était valorisée plus de 32 milliards de dollars, certains experts s'interrogent sur la résistance des plateformes concurrentes.

"Nous nous attendons à ce qu'un grand nombre d'autres bourses, dont certaines font partie du top 10 des plateformes d'échanges, soient également insolvables sur le plan fonctionnel", a déclaré David Siemer, patron Wave Financial, une société de gestion spécialisée dans les cryptomonnaies, à ses clients.

Ce dernier ne précise pas les raisons pour lesquelles ces dernières pourraient être insolvables. Mais le climat reste de toute évidence morose pour ces plateformes. En effet, à cette méfiance accrue vis-à-vis des CEX à la suite de la chute de FTX, s'ajoutent d'autres facteurs de fragilisation.

Un marché baissier qui fait mal

Depuis plusieurs mois, le marché des cryptomonnaies est en "bear market" (marché baissier), le bitcoin ayant perdu plus de 70% de sa valeur depuis son plus haut historique en novembre dernier, à 69.000 dollars. Dans ce contexte, la plupart des CEX - à l'exception de Binance - ont annoncé des plans de licenciements au cours des derniers mois.

C'est le cas de Kraken qui a récemment annoncé devoir licencier 30% de ses effectifs, suivant les pas des géants Coinbase et Gemini, qui se sont séparés eux de 10% de leurs salariés il y a quelques mois. Coinbase, la seule plateforme d'échanges cotée en Bourse - qui doit donc en théorie faire preuve de plus de transparence - s'attend à une chute de 50% de ses résultats cette année. De son côté, Gemini est mal en point depuis plusieurs semaines. La bourse crypto a engagé des créanciers dans le but de résoudre des problèmes de liquidités liés à l'un de ses partenaires fragilisé par la chute de FTX, Genesis. La société a même subi une panne de plus de 7 heures la semaine dernière, empêchant ses clients de réaliser des transactions.

Par ailleurs, le géant Binance a récemment incité les CEX à publier des "preuves de réserves" de leurs fonds, afin de faire la transparence sur les cryptomonnaies qui circulent sur les plateformes. L'objectif est d'avoir une trésorerie égale ou supérieure aux cryptomonnaies déposés par les clients. Or, ces "preuves de réserves" sont critiquées par de nombreux experts, estimant qu'elles ne permettent pas de tout connaître sur ces plateformes, à l'instar de leurs dettes. C'est ainsi que le cabinet français Mazars a décidé vendredi de suspendre temporairement tous ses audits sur les preuves de réserves de ses clients crypto, dont les géants Binance, Crypto.com et KuCoin.

Un top 10 dominé par Binance

Le site spécialisé Coinmarketcap a établi un classement des CEX selon différents critères, des volumes d'échanges quotidiens à la liquidité en passant par le nombre de visites quotidiennes. Si l'on se concentre sur le top 10, Binance est en première position avec 10 milliards de dollars de volumes d'échanges, suivi par Coinbase (1 milliard de dollars) et Kraken (500 millions de dollars). Parmi les autres bourses, on peut citer KuCoin, Bybit, Bitstamp ou encore Gemini. Or, aucune plateformes n'échappe ni à l'hiver crypto, ni à des remises en question de leur modèle économique dans le contexte actuel.

Aujourd'hui, la plus grosse plateforme d'échanges Binance est dans la tourmente, entre la publication d'une enquête de Reuters sur des soupçons de blanchiment d'argent, l'abandon de son principal auditeur Mazars et la plainte déposé par 15 investisseurs à son encontre en France. De là à s'effondrer comme FTX?

"C'est la plus grande bourse du monde", considère David Siemer. "Il n'y a aucune chance dans mon esprit que Binance ait perdu de l'argent comme FTX a perdu la plupart de l'argent, et ils ne font pas de paris directionnels".
Pauline Armandet