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Le patron du FGDR explique pourquoi les cryptos ne peuvent pas bénéficier de la garantie des dépôts

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INTERVIEW BFM Crypto - Les détenteurs de cryptomonnaies en France n'ont aucune garantie de récupérer leurs fonds en cas de faillite d'un établissement, rappelle le président du directoire du FGDR.

Alors que les banques américaines traversent une période de turbulences, la question de la résilience des banques françaises peut se poser. En France, le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) intervient en cas de crise d’un établissement, soit d’une banque, soit d’un prestataire de services ou encore d'une société de gestion, en indemnisant leurs clients en cas de crise. En revanche, les détenteurs de cryptomonnaies n'ont aucune garantie de récupérer leurs fonds en cas de faillite d'un établissement. BFM Crypto a interrogé le président du directoire du FGDR, Thierry Dissaux, sur son rôle en France et sa vision de l'écosystème crypto.

BFM Crypto: Dans le contexte de tension bancaire, quel est le rôle du FGDR en France?

Thierry Dissaux: Nous intervenons en amont d’une crise ou quand l’établissement est défaillant. Au titre de la garantie des dépôts, nous garantissons à hauteur de 100.000 euros par déposant en moins de 7 jours ouvrables, selon la règlementation européenne. La garantie des titres du FGDR couvre un investisseur jusqu’à hauteur de 70.000 euros par client et par établissement pour tous les titres financiers (c’est-à-dire les actions, obligations, parts d’OPCVM, au total des titres de capital ou de dettes émis par des acteurs économiques pour financer leur activité) détenus chez un prestataire de services d’investissement (PSI) agréé par l’ACPR et quelle que soit la devise officielle d’un Etat dans laquelle ils sont libellés: cela exclut les cryptomonnaies.

Pour quelle raison?

Sur le plan juridique, une cryptomonnaie n’est pas une monnaie: elle ne dépend d’aucune banque centrale, dans aucun pays, et ne peut donc constituer une valeur de réserve. Les cryptomonnaies ne sont pas non-plus des titres financiers. Tous les titres que nous couvrons sont tous libellés en euro ou dans une devise officielle (dollar, yen…), émise par une banque centrale ce qui n’est pas le cas des cryptomonnaies. De manière générale, les cryptomonnaies sont un marché spéculatif qui comporte une part de risque plus importante que les titres émis par les entreprises dont la valeur repose sur une activité réelle liée à des opérations de production, d’achat ou de vente. Enfin, le FGDR ne couvre que les opérations réalisées par les banques et autres intermédiaires financiers disposant d’un agrément en tant que prestataires de service d’investissement (PSI). Bien souvent, les cryptomonnaies sont proposées par des plateformes d’échanges de cryptomonnaies dites PSAN (prestataires de services sur actifs numériques), qui ne disposent pas d’un tel agrément et ne sont pas adhérentes par le FDGR. De tout cela résulte que les cryptomonnaies ne bénéficient donc pas de la garantie des titres du FGDR.

Et si une banque traditionnelle française, adhérente au FDGR, s’ouvrait aux cryptomonnaies?

Cela ne changerait rien pour le FGDR. Les avoirs des détenteurs de cryptomonnaies ne seront pas couverts, puisqu’il ne s’agit pas de titres et que ces actifs ne sont pas libellés dans une devise officielle. A toutes fins utiles, il est utile de garder également en mémoire que la garantie des titres du FGDR couvre les cas de disparitions des titres (fraude, accident, informatique), mais en aucun cas le risque pris par un investisseur sur un marché. Comme les cryptomonnaies sont très volatiles, le premier risque est de perdre son capital. Le second est un risque de faillite ou de fraude de la part de l’intermédiaire proposant d’investir dans ces actifs. Sur les cryptomonnaies, nous ne couvrons ni l’un, ni l’autre de ces risques.

Selon un récent sondage Ifop, 15% des Français considèrent le bitcoin comme un produit d’épargne intéressant: qu’en pensez-vous?

Le sondage Ifop dit que 85% des sondés considèrent les cryptomonnaies comme "non intéressantes" pour y placer leur épargne. Et il montre un niveau de méfiance accru des Français à l’égard des cryptomonnaies depuis un an. Les cryptomonnaies restent des produits spéculatifs, et non des produits d’épargne.

Pauline Armandet