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La Centrafrique veut tokeniser 1.700 hectares de terres via le memecoin $CAR

Drapeau de la République Centrafricaine

Drapeau de la République Centrafricaine - Drapeau Centrafrique

La République centrafricaine annonce la tokenisation de plus de 1.700 hectares de terres publiques. Ces parcelles seront accessibles dès juin via le memecoin national $CAR, sur la blockchain Solana.

La République centrafricaine (RCA) franchit une nouvelle étape dans son aventure crypto en annonçant la tokenisation de plus de 1.700 hectares de terres publiques. Ces parcelles seront accessibles dès juin via le memecoin national $CAR, basé sur la blockchain Solana, selon un décret signé par le président Faustin-Archange Touadéra .

Objectif: attirer les investisseurs grâce à la blockchain

Les terres concernées se situent à environ 45 kilomètres à l’ouest de Bangui, près du village de Bossongo. Elles seront proposées sous forme de concessions de 99 ans, tokenisées et vendues en ligne via le $CAR. Le projet s’inscrit dans une stratégie plus large de numérisation des ressources naturelles du pays, notamment à des fins minières, comme l’or ou les diamants. Concrètement, il faudra posséder des jetons $CAR afin de les utiliser pour investir sur ces parcelles. Les détails ne sont pas encore dévoilés pour l'instant.

Lancé en février 2025, le $CAR s’inspire du memecoin TRUMP. Il offre des avantages exclusifs à ses principaux détenteurs, tels qu’une rencontre avec le président Touadéra. Malgré une chute de plus de 90% depuis son pic initial, le token a récemment connu une hausse en doublant presque sa valeur sur une semaine (le token s'échange actuellement à 0,06 centime) suite à l’annonce de la tokenisation des terres .

"C'est un projet pilote, un laboratoire d'innovation. Si cette phase est un succès, nous irons encore plus loin. Nous commencerons la tokenisation d'une partie de nos ressources", explique le président Faustin-Archange Touadéra.

Ce n’est pas la première tentative de la RCA dans le domaine des cryptomonnaies. En 2022, le pays avait lancé le Sango Coin, une cryptomonnaie nationale visant à faciliter les investissements dans les ressources naturelles. Cependant, le projet a été abandonné suite à des difficultés juridiques et techniques, notamment après que la Cour constitutionnelle a jugé inconstitutionnelle l’utilisation du token pour acquérir la citoyenneté ou des terres.

Zones d’ombre et critiques

Si l’ambition de la Centrafrique de se positionner à l’avant-garde des économies numériques africaines peut séduire sur le papier, le projet soulève néanmoins de nombreuses interrogations. La structure de la détention du memecoin $CAR, utilisé comme passerelle vers ces terres tokenisées, est particulièrement problématique. Près de 76% des tokens étaient concentrés dans seulement quatre portefeuilles au lancement, ce qui alimente les soupçons de manipulation de marché. Cette centralisation fragilise la crédibilité du projet en rendant le token vulnérable à des fluctuations artificielles, orchestrées par quelques acteurs dominants.

Par ailleurs, la mise en vente de terres publiques — parfois riches en ressources minières — pose la question du contrôle à long terme de ces actifs stratégiques. Dans un pays dont les institutions sont encore fragiles, cette démarche pourrait ouvrir la porte à des situations de spoliation ou de captation des richesses par des intérêts étrangers.

Le contexte géopolitique vient renforcer ces inquiétudes: la présence du groupe paramilitaire russe Wagner dans la région, notamment dans les zones minières, nourrit les soupçons d’un agenda opaque derrière cette initiative crypto. Enfin, l’échec du précédent projet Sango Coin, censé attirer des capitaux via une crypto nationale en échange de terres et de citoyenneté — mais déclaré inconstitutionnel — rappelle que ces ambitions numériques doivent aussi s’inscrire dans un cadre juridique clair et souverain. À ce jour, rien ne garantit que cette nouvelle tentative échappera aux mêmes travers.

William Helle