Ces crypto-influenceurs qui s'enrichissent sur Twitter

Lindsay Lohan - AFP
Certains influenceurs ont décidé de miser sur les cryptomonnaies pour se faire beaucoup d’argent. Un crypto-chercheur connu sous le nom de Zachxbt, très suivi par la communauté crypto, a publié une liste comprenant le montant des cachets de plus de 114 crypto-influenceurs sur Twitter. L’information a d’abord été révélée sur le média américain Motherboard (Vice).
Zachxbt explique s’être procuré cette liste auprès d’une société de marketing web 3.0.
"J'ai publié cette liste pour accroître la transparence générale des publicités payantes dans la blockchain. Beaucoup de personnes sur la liste ne révèlent pas quand quelque chose est payé. Sans compter que cela est illégal dans beaucoup de pays (Royaume-Uni, États-Unis, Dubaï, etc.). C'est un problème qui se pose dans la blockchain depuis un certain temps maintenant", précise-t-il à BFM Crypto.
Dans ce document, qui répertorie principalement des crypto-influenceurs américains, certains seraient plus abordables que d’autres. La star américaine Lindsay Lohan, qui a déjà tweeté sur le bitcoin, toucherait 25.000 dollars pour un tweet publicitaire et 20.000 dollars pour un retweet. Les cachets de cette liste correspondent-ils à la réalité?
"Motherboard a contacté 60 des comptes de la liste et plusieurs ont expliqué leur processus de travail rémunéré. Motherboard n'a pas été en mesure de vérifier l'exactitude de l'ensemble de la liste, mais l'un des influenceurs qui figure sur la liste à qui nous avons parlé a déclaré que les montants étaient corrects. D'autres ont déclaré que les taux étaient inexacts mais ont dit qu'ils gagnaient de l'argent pour tweeter sur des projets de crypto", souligne le média américain.
Publicité déguisée pour certains projets
Le document pointe surtout du doigt une pratique devenue courante: le "shilling" de cryptomonnaies. "Tous les gens sur la liste ne font pas de shilling non divulgués, mais la grande majorité des noms que j'y vois le font ", souligne Zachxbt. La licorne française Ledger a donné une définition du shilling de cryptomonnaies dans un post sur son blog.
"Vous pouvez tomber sur une personnalité influente, comme une célébrité (pas nécessairement liée aux crypto-monnaies), qui a activement mis son nom et son soutien derrière un projet. Ils encourageront les investisseurs, nouveaux et anciens, à investir dans le projet sans nécessairement offrir de transparence sur les raisons de leur soutien au projet. Soyez prudent, car il est possible que la célébrité ait été payée pour promouvoir les ventes de la crypto-monnaie et qu'elle n'ait pas de réelle connaissance - ou intérêt - dans le projet", avait déclaré Ledger.
Face à l’accroissement de ce genre de pratique, certains régulateurs ont pris les devants. En janvier, l’Espagne est devenu le premier pays de l'Union européenne à réguler la publicité relative aux crypto-actifs sur les médias sociaux. Les influenceurs espagnols de 100.000 abonnés qui veulent promouvoir un projet crypto doivent désormais notifier au préalable qu’il s’agit de posts promotionnels. En cas de non respect des règles, ils s’exposent à une amende allant jusqu’à 300.000 euros.
En France, s’agissant de la publicité d’une manière générale, c’est le code de la Consommation qui s’applique sans spécificité pour les crypto-actifs, appliqué par la
Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraude (DGCCRF). C'est cet organisme qui avait condamné en juillet l'influenceuse Nabilla Benattia Vergara à payer une amende de 20.000 euros pour pratiques commerciales trompeuses sur les réseaux sociaux. Contacté par BFM Crypto au sujet des crypto-influenceurs, la DGCCRF n'a pour l'instant pas répondu à nos sollicitations.
"Si un influenceur agit sur demande d’une plateforme de trading d’instruments financiers, celle-ci doit s’assurer que toute information publicitaire est identifiable en tant que telle, correcte, claire et non trompeuse", explique de son côté l'Autorité des marchés financiers (AMF) à BFM Crypto.
Dans l’écosystème des cryptomonnaies, seuls les prestataires de services sur actifs numériques en France (PSAN) enregistrés par l’AMF peuvent faire de la publicité et du démarchage sur les réseaux sociaux.
"Face à la recrudescence des recommandations d’investissement ou recommandations de sites de trading par des influenceurs sur les réseaux sociaux, la Direction des relations avec les épargnants et de leur protection (Drep) de l’AMF appelle à la vigilance: il convient de s’interroger sur les compétences en finance de ces personnes se présentant comme des experts, la sincérité et la nature désintéressée de ces prescriptions, dont le caractère rémunéré n’est pas toujours indiqué clairement", avait déclaré l’AMF en octobre 2021.