Les ordinateurs quantiques vont menacer la sécurité des portefeuilles bitcoin plus rapidement que prévu

Lignes de code - Pexels
Une nouvelle étude menée par un chercheur de Google Quantum AI montre que les ordinateurs quantiques pourraient casser des systèmes de sécurité clés pour les cryptomonnaies, comme Bitcoin, bien plus rapidement et avec moins de ressources que ce qu’on croyait.
Craig Gidney, ingénieur chez Google, démontre ainsi qu’un ordinateur quantique pourrait casser un chiffrement ultra-sécurisé (RSA 2048 bits) en moins d’une semaine, et ce, avec "seulement" 20 millions de qubits physiques bruyants —contre 1 milliard estimé il y a encore quelques années.
C’est quoi un qubit, et pourquoi c’est important?
Un qubit (ou bit quantique), c’est un peu l’équivalent du bit en informatique classique, sauf qu’il peut faire bien plus. Là où un bit traditionnel vaut 0 ou 1, un qubit peut être dans plusieurs états en même temps, grâce à un phénomène propre à la physique quantique: la superposition. En clair, au lieu de tester toutes les combinaisons possibles l’une après l’autre comme le ferait un ordinateur classique, un ordinateur quantique peut explorer plusieurs chemins à la fois. Résultat, certaines opérations complexes peuvent être effectuées exponentiellement plus vite.
Mais attention, la technologie est encore jeune. Les qubits actuels sont dits "bruyants", c’est-à-dire sujets à des erreurs. L’étude de Google montre que grâce à de nouvelles optimisations, on pourrait obtenir des performances suffisantes pour casser certains codes sans devoir attendre des décennies.
Concrètement, cela signifie qu’un ordinateur quantique suffisamment puissant pourrait, dans un futur pas si lointain, trouver les clés privées de certaines adresses Bitcoin à partir de leurs clés publiques afin d'accéder aux cryptomonnaies qui se trouvent sur les portefeuilles numériques.
Une menace à moyen terme
Malgré des progrès impressionnants, un ordinateur quantique capable de casser des systèmes de sécurité comme ceux de Bitcoin n’est pas attendu avant au moins 10 ans, selon la majorité des experts. IBM, par exemple, prévoit une machine atteignant les 100.000 qubits logiques corrigés d’erreurs d’ici 2033, selon sa feuille de route officielle. Ce type de machine serait théoriquement capable de mener des attaques cryptographiques majeures —mais cela reste un objectif de long terme, avec encore de nombreux défis techniques à surmonter.
En attendant, les ordinateurs quantiques existants (comme le Condor d’IBM avec 1.121 qubits ou le Willow de Google avec 105 qubits) restent très loin de ce seuil critique. La menace est donc bien réelle à moyen terme, mais pas encore concrète à court terme.
Pour le moment, aucun ordinateur quantique n’a encore atteint la puissance nécessaire pour concrétiser ces menaces, mais face à cette perspective, certains projets commencent à explorer la cryptographie post-quantique avec des méthodes de chiffrement conçues pour résister aux ordinateurs quantiques. La Fondation Ethereum ou encore le réseau Bitcoin Cash ont déjà étudié des pistes en ce sens.