Nice: emprisonné en Algérie, l'écrivain Boualem Sansal nommé citoyen d'honneur de la ville

À Nice, Christian Estrosi a décidé de faire citoyen d'honneur l'écrivain Boualem Sansal, emprisonné depuis la mi-novembre à Alger. Président d'honneur du festival du livre en mai dernier à Nice, Boualem Sansal devait revenir dans la ville azuréenne ce jeudi 28 novembre pour parler de ses ouvrages et notamment de son dernier livre intitulé "Vivre".
"Vous auriez dû être des nôtres pour parler de votre œuvre, de vos convictions, de ce que vous êtes, de ce à quoi vous rêver", a déclaré Christian Estrosi, maire de la ville de Nice et président de la métropole Nice Côte d'Azur.
"Apporter une force de plus"
L'écrivain franco-algérien est emprisonné depuis plusieurs jours à Alger. Auteur engagé, il a critiqué les dirigeants algériens à de nombreuses reprises. Il a été arrêté mi-novembre alors qu'il arrivait dans son pays natal depuis la France. Il a été placé en détention en vertu d'un article du code pénal algérien réprimant les atteintes à la sûreté de l'État, selon sa défense.
Pour montrer son soutien indéfectible à l'écrivain, l'édile de Nice a donc décidé de le faire citoyen d'honneur de la ville.
"Pour apporter un signe de plus, une force de plus, que nous puissions en faire le 43e citoyen d'honneur de la ville de Nice depuis près d'un siècle. Nous espérons que tous les peuples libres se mobiliseront avec leur diplomatie pour que la raison l'emporte", affirme Christian Estrosi.
"Il a toujours été menacé"
Des amis, une petite-fille d'écrivain mais aussi des simples citoyens sont également venus lui apporter son soutien.
"Il a toujours été menacé par les islamistes et le gouvernement le surveillait énormément. La dernière fois, c'était entre autres le salon de livre d'Alger où ses livres ont été interdits, où sa maison d'édition a été interdite, comme celle de Kamel Daoud puisque c'est la même. Mais lui, il disait qu'il fallait qu'il rentre pour parler, pour expliquer", indique Christian Giraud, ami de Boualem Sansal et coordinateur du festival du livre à Nice.
De son côté, Elisabeth Maisondieu Camus, petite-fille de l'écrivain Albert Camus, assure qu'on "n'enterre pas quelqu'un pour la liberté d'expression qu'il exerce, on n'enferme pas un artiste parce qu'il fait des prises de position".
Pour Bernard, d'Aix-en-Provence, l'écrivain paie "sans doute" pour les tensions "très fortes" qui existent entre la France et l'Algérie. "Mais c'est quelqu'un de courageux", ajoute-t-il.
Au cours de cette cérémonie, plusieurs lettres de soutien ont été lues dont celle de l'écrivain niçois et Prix Goncourt Didier van Cauwelaert. Ce dernier soutient l'idée de nommer Boulem Sansal à l'Académie française par une procédure d'urgence.