"À force de supprimer des postes, ça se voit": des élus azuréens veulent mener un audit à Météo France

Pour endiguer la crise que traverse Météo-France, Jean-Christophe Picard, conseiller municipal de Nice sous la bannière Écologistes, appelle à "développer la vigilance inondation infra-départementale".
Une manière d'anticiper les conséquences du réchauffement climatique de manière plus locale et ciblée. Cette démarche s'accompagnerait ainsi d'un changement de stratégie au niveau du recrutement pour Météo-France
600 postes supprimés en deux ans
L'ancien président d'Anticor dénonce la saignée de ce service public. "À force de supprimer des postes à Météo-France, ça se voit. On a supprimé 600 postes en deux ans (dix ans, selon la commission des finances du Sénat, ndlr)", explique Jean-Christophe Picard, sur BFM Côte d'Azur.
"Aujourd'hui, on a une réponse départementale qui n'est plus adaptée à la situation et ça va être compliqué de tout fermer à chaque fois qu'il pleut. Ce risque, le dérèglement climatique, fait que l'on aura de plus en plus d'épisodes de ce type, donc il faut s'adapter et avoir des réponses de plus en plus intelligentes", poursuit-il.
"Pas le fruit du hasard"
Le maire de Nice, Christian Estrosi, a également, sur X, pointé du doigt la "crise" que traverse le service public. "L’épisode du Magnan hier, et les dernières semaines où nous avons fait face à des prévisions météo très imprécises, voire faussées, ne sont pas le fruit du hasard."
Il poursuit: "Effectifs en chute, baisse considérable du nombre de centres météo (de 110 à 30), remplacement des ingénieurs par un programme automatique…"
Pour le maire de Cannes David Lisnard, "il y a comme une confusion chromatique", déplore-t-il auprès de Nice-Matin. "Quand bien même nous savons tous que la météorologie n’est jamais une science exacte, il est difficile de comprendre qu’en 2024, une telle marge d’erreur soit possible dans les prévisions, prévisions dont la fiabilité est moindre qu’il y a quelques années."
Un audit proposé
L'édile a ainsi réclamé un audit pour "analyser de façon précise et objective le problème, et savoir s’il est possible d’organiser une politique publique de la gestion du risque avec cet organisme." Une solution à laquelle Jean-Christophe Picard ne s'oppose pas: "C'est toujours bien un audit."
Mais cette nouvelle réprimande a été critiquée par des spécialistes du climat. "Je suis née dans les Alpes-Maritimes. J’y ai travaillé. Depuis des lustres, on cherche des boucs émissaires au lieu de regarder la réalité des permis de construire en zone inondable, l’imperméabilisation et désormais le changement climatique", a souligné la chercheuse Magali Reghezza, sur X.
"Lundi: Le GIEC exagère. Mardi: On est sous l’eau. Mercredi: Trop de postes à MétéoFrance Jeudi: Scandale, ils n’ont pas prévu. Vendredi: Le ZAN, c’est mal. Samedi: C’est la faute au ruissellement. Vivement dimanche...", avait répondu, également sur X, le directeur de recherches au CNRS Christophe Cassou.