Le marché automobile français retombe au niveau du début des années 70

Image d'illustration - Des voitures dans l'usine Renault de Flins (Yvelines). - ERIC PIERMONT / AFP
Cette année 2022 a décidément de faux-airs des 70’s. Inflation, prix élevés du pétrole et marché automobile largement sous la barre du million de voitures neuves immatriculées au 1er semestre. Selon les chiffres publiés ce vendredi matin par la Plateforme de la filière automobile (PFA), avec 771.982 voitures particulières neuves, le marché est retombé au niveau du début des années 70.
Moins de 765.000 voitures immatriculées depuis janvier
En 1971, 762.082 voitures neuves avaient alors été immatriculées, selon des chiffres fournis par le cabinet C-Ways avec NGC-Data. Avec moins de 800.000 voitures neuves mises à la route, le marché a reculé de 16,34% au premier semestre. Et même en ajoutant les véhicules utilitaires, les ventes ne réussissent pas à dépasser le million de véhicules neufs, 955 672 au total, soit une baisse de 18,O2%.
Le mois de juin n'a donc pas rattrappé un marché difficile, plombé par les pénuries côté constructeurs et les inquiétudes des consommateurs. "En juin 2022, avec 171.089 immatriculations, le marché français des voitures particulières neuves est en baisse de 14,24%", précise le communiqué de la PFA.
Stellantis, VW, Renault en baisse...
Tous les constructeurs ou presque ont pâti de cette baisse des ventes au premier semestre, notamment les deux leaders européens. Stellantis a ainsi vu ses ventes reculer bien plus que le marché, -21,09%, tout comme Volkswagen, -25,58%. Citroën avec -25,33%, Jeep avec -38,78% voient leurs ventes fortement baisser chez Stellantis. Au sein du groupe VW, les immatriculations de la marque Volkswagen baissent de 24,59%.
Le Groupe Renault recule de 16,63%, Toyota de plus de 19%. Mais quelques marques surnagent dans ce marché difficile: celles qui proposent des solutions plus économiques pour les consommateurs. Comme Ford. Même si ses ventes baissent de 9,99%, la marque américaine a limité la casse grâce à sa gamme équipée de boîtier E85, un carburant moins cher à la pompe. Ces modèles représentent un tiers des ventes de la marque à l'ovale sur les six premiers mois.
... Dacia et Hyundai-Kia en hausse
Dacia enregistre une hausse de 2,69% de ses immatriculations et devient ainsi une des rares marques à tirer son épingle du jeu. Hyundai-Kia reste finalement le seul groupe à ne pas être trop plombé par le marché, avec des ventes en hausse de 3,72%. C'est leur organisation industrielle qui leur permet de ne pas souffrir de ruptures d'approvisionnement pour leurs voitures électriques ou hybrides. "Ces deux groupes disposent d'une production très intégrée, avec notamment celle des semi-conducteurs, nous explique Eric Champarnaud, analyste chez C-Ways. Elles ont aussi des carnets de commande de semi-conducteurs sécurisés sur un an".
Pénurie de puce, inflation
Difficile d’anticiper un rebond des ventes au second semestre, même si le secteur automobile semble avoir surmonté certaines difficultés. "Les conséquences de la guerre en Ukraine ont été absorbées, les constructeurs ont trouvé des solutions, nous explique un autre analyste. Reste la question des puces. Personne n’a de visibilité à plus d’un mois et selon les fabricants de semi-conducteurs, il ne faut pas attendre de retour à la normale avant 2023".
De son côté, le porte-parole de la Plateforme Automobile, François Roudier, se montre peu optimiste: "Ca paraît extrêmement difficile au niveau mondial de sortir de cette crise. L'affaire des semi-conducteurs ne fait hélas que commencer", déplore-t-il sur BFM Business. "Nous avons une offre mais on ne peut pas livrer. On est sur des facteurs qui perdurent. (...) On en est vraiment à gérer l'industrie quasiment au jour le jour", ajoute-t-il.
Le contexte macro-économique reste aussi très incertain. "La situation est très paradoxale: nous sommes dans une situation de rattrapage post-Covid, mais les ménages ont un moral très mal depuis plusieurs mois, mais celui des dirigeants d’entreprises reste bon sur le long terme malgré les risques, l’inflation", souligne Eric Champarnaud. Les prix des voitures, notamment électriques, ont cependant fortement augmenté depuis le début de l'année.
