Masques "made in France": en Bretagne, clap de fin pour la Coop des masques

C'est la fin de la Coop des masques. La société coopérative bretonne, née au début de la crise sanitaire, a été placée en liquidation judiciaire pour le tribunal de commerce de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). Installée sur les cendres de la dernière usine française de masques chirurgicaux, la Coop des masques avait été officiellement créée à l'été 2020, avant de lancer au mois de janvier la fabrication de masques chirurgicaux et FFP2 à Grâces, près de Guingamp. Elle employait encore treize salariés.
Le projet avait été initié par un petit groupe d'anciens salariés de l'usine Spérian de Plaintel, fermée par le groupe américain Honeywell en 2018. Plusieurs acteurs privés et publics avaient participé au financement. Créée sous le statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC, qui associe collectivités, salariés, associations, citoyens et entreprises), la société a néanmoins été placée en redressement judiciaire treize mois seulement après le lancement de la production.
La société coopérative n'a jamais réussi à décrocher d'importantes commandes et à faire face au retour fulgurant de la concurrence chinoise, dans un contexte de baisse générale de la demande à la sortie de la crise sanitaire. La trésorerie a également été plombée par un investissement de 3,5 millions d'euros pour une machine de fabrication de meltblown, le papier filtrant au cœur du masque, qui n'a jamais été mise en production faute d'acheteurs.
Importations chinoises
Les importations de masques chinois sont "toujours à un niveau très massif" et "l’Etat lui-même est sans doute le premier fautif, car ses achats se font principalement en Chine", a déploré dans un communiqué le président du conseil d'administration, Christophe Winkler, prenant pour exemple un marché qui liait l’entreprise à la Préfecture de Paris, perdu au profit d’importateurs chinois en septembre dernier. "La même décision avait été prise par l’armée en mai 2022", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le dirigeant a également pointé du doigt la défection d'investisseurs. Selon l’entreprise, plusieurs sociétaires de la Coop des Masques avaient aussi investi des sommes parfois importantes et "n’ont pas confié leurs marchés à leur usine pour des raisons que nous ne comprenons pas", a regretté le dirigeant, citant le "cas du groupe mutaliste Vyv (...) qui était le premier investisseur" de la société avec 300.000 euros et qui "porte une grande part de la responsabilité de notre faillite".