Brasserie Heineken à Schiltigheim: grève et "incompréhension" des salariés après l'annonce de la fermeture

Une trentaine de salariés de la brasserie Heineken à Schiltigheim se sont mobilisés ce mardi dès 5 heures, a constaté sur place BFM Alsace. D'autres employés ont rejoint ce mouvement de grève dans la matinée qui fait suite à l'annonce par Heineken France de la fermeture ou mise en vente de la brasserie d'ici trois ans.
Ce mouvement doit durer 24 heures "jusqu'à mercredi" et "il n'y a aucune production à l'heure qui l'est", indique Mickaël Buck, délégué syndical CFDT à la brasserie. Les grévistes font part de leur "incompréhension" après cette annonce "soudaine" de l'entreprise, "même si quelques signes laissaient penser à une fermeture", souligne Mickaël Buck.
"Rester motivé"
"Il va falloir que l'on continue à travailler le temps que les deux autres brasseries françaises puissent absorber nos volumes de production", s'étonne Lucie Mora, cariste logistique au sein de la brasserie depuis 2017.
"Ça va être compliqué de rester motivé et de venir travailler en se disant que dans trois ans, il va falloir trouver un autre travail", poursuit la salariée au micro de BFM Alsace.
Les salariés sont déjà contraints de penser à leur avenir professionnel d'autant que tous n'ont pas envie d'être reclassés au sein du groupe Heineken. "Il y aura des postes ouverts à Mons et à Marseille, mais j'ai ma famille ici et j'ai envie de rester en Alsace", témoigne Philippe Gerschheimer, salarié depuis 1995.
Inquiétude pour l'avenir
Même avis pour Maher Halbouni, technicien de production de fûts depuis 2018, qui ne se dit "pas intéressé" par un reclassement. "Il va falloir rebondir, il y aura des opportunités ailleurs", veut croire le salarié.
220 salariés travaillent au sein de la brasserie Heineken à Schiltigheim. Leur avenir sera lié à la négociation d'un Plan de sauvegarde de l'emploi dans les prochains mois, a précisé lundi la direction d'Heineken France.
La fermeture ou la vente de cette brasserie historique à Schiltigheim a provoqué "un coup de massue" insiste le biérologue Hervé Marziou, invité ce mardi matin de BFM Alsace.
"C'est comme un cauchemar en me disant que je vais me réveiller et ce n'est pas ça qui va se passer", raconte-t-il se disant attaché à ces lieux où il a été embauché en 1973, à l'époque de l'Alsacienne de brasserie.
"J'ai fait toute ma carrière dans le groupe, pas forcément à Schiltigheim. Je suis ébranlé de cette nouvelle", ajoute Hervé Marziou qui a quitté Heineken en 2010. Mais la situation de la brasserie, dans le centre-ville de Schiltigheim l'a toujours "interpellé".
L'enclavement de l'usine est l'un des motifs évoqués par la direction d'Heineken France pour expliquer la fermeture ou la mise en vente de la brasserie.