Ouverture du procès de deux cyberharceleurs présumés de la journaliste Nadia Daam

Nadia Daam sur le plateau de l'émission 28 minutes - DR
Le harcèlement subi par la journaliste Nadia Daam est un parfait exemple de la lâcheté des commentaires laissés sur internet et le sentiment d’impunité lié à un pseudonyme. Pourtant, ce mardi, deux hommes vont être jugés pour menaces de mort et de viol sur la journaliste d’Europe 1 et de l’émission 28 minutes sur Arte. Le procès devait avoir lieu le 5 juin au tribunal correctionnel de Paris. L’audience avait été renvoyée à la demande des avocats des cyberharceleurs présumés car ils n’avaient pas obtenu une copie du dossier.
Tout a basculé à cause d’une chronique. Le 1er novembre, la journaliste Nadia Daam dénonce les attaques haineuses coordonnées sur le forum 18-25 de jeuxvideo.com contre deux militants féministes, à l’origine du numéro "anti-relous", destiné à aider les femmes harcelées dans la rue. Face à la vague de messages malveillants, il est finalement désactivé. Elle qualifie le forum de "poubelle à déchets non-recyclables" et tacle la "bêtise crasse" et la malveillance des harceleurs.
Des menaces de mort et de viol
Nadia Daam reçoit alors des menaces de mort et de viol sur ses réseaux sociaux, les cyberharceleurs s'en prennent à sa famille et piratent plusieurs de ses comptes électroniques. Sur le site de petites annonces Vivastreet, on lui créé de faux profils de rencontre. La journaliste porte plainte. L'enquête permet d'identifier sept auteurs présumés.
Deux sont jugés ce mardi 3 juillet, âgés de 35 et 21 ans. L'un serait l'auteur d'un photomontage montrant la journaliste sur le point de se faire décapiter par Daech. Il a assuré aux enquêteurs que "c'était dans un but humoristique" et n'avoir pas visionné "entièrement" la chronique de la journaliste. Il aurait été informé par ses "amis virtuels du forum". Deux hommes qui travaillent, mais "on sent un certain désœuvrement dans leur vie", confiait à Libération Me Eric Morain, l'avocat de la journaliste.
"J'espère une sanction exemplaire"
Nadia Daam veut voir ses harceleurs physiquement. "Eux savent à quoi je ressemble et, pour l'un d'entre eux au moins, ils se sont allègrement servis de mon image physique pour faire des montages photos et illégaux", affirme la journaliste à Europe 1. "J'espère une sanction exemplaire car les harcelés, eux, ont leur vie qui change. Donc il faut qu'il y ait quelque chose qui change dans leur vie à eux", conclut-elle.