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Tuerie d'Uvalde: le terroriste harcelait des femmes sur une application française pour ados

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Photos d'armes ou d'animaux morts, menaces de viol: bien qu'inconnu des services de police, Salvador Ramos, le tueur d'Uvalde, a utilisé activement divers réseaux sociaux avant de passer à l'acte.

L'attentat d'Uvalde, survenu le 24 mai dernier dans une école primaire texane, a été l'une des tueries les plus meurtière dans le pays depuis le début de l'année 2022. Son auteur, Salvador Ramos, 18 ans, a fait 21 victimes, dont 19 enfants, ainsi que de nombreux blessés. Non connu des services de police, le jeune homme, qui a été abattu par la police, n'est pas passé inaperçu sur les réseaux sociaux et applications de rencontres.

Selon des témoignages recueillis par le quotidien américain The Washington Post, plusieurs jeunes femmes affirment avoir discuté avec l'auteur des faits, notamment sur Yubo, une plateforme française de rencontres en ligne destinée aux jeunes, assez populaire aux États-Unis.

"C'était récurrent"

Quatre jeunes femmes ayant échangé avec le média américain font état de menaces d'agression sexuelle ou de violence, de discours de haine ou encore de référence à des attaques par arme au cours de leurs conversations avec Ramos.

Ce dernier les interpellait en premier lieu sur Yubo, puis échangeait avec elles sur d'autres réseaux sociaux, tels qu'Instagram ou Messenger, via la messagerie privée.

"Je l'ai vu harceler des filles et les menacer d'agression sexuelle, de viol ou de kidnapping. Ce n'était pas ponctuel, c'était récurrent", a témoigné un jeune homme de 16 ans auprès du Washington Post.

En privé, les messages ont pris une tournure plus sombre: photos d'animaux morts, d'armes d'assaut, menaces de viol ou encore référence à des tueries de masse font partie des exemples cités par les témoins.

Dix jours avant l'assaut sur l'école primaire, Salvador Ramos a publié le message suivant: "encore dix jours", indique le gouverneur du Texas Greg Abbott. Selon l'homme politique, un internaute a demandé à Ramos "Est-ce que tu vas attaquer une école primaire?" Question à laquelle il a répondu "Non, arrête de poser des questions stupides. Tu verras bien".

Entre incrédulité et résignation

"Il menaçait tout le monde. Il parlait de tueries dans des écoles primaires, mais personne ne l'a cru, personne ne pensait qu'il le ferait vraiment", indique également une jeune fille au Washington Post.

Malgré les alertes, les jeunes femmes ayant signalé l'internaute sont peu nombreuses. D'après l'analyse de Danielle K. Citron, professeure de droit de l'université de Virginie citée par le Washington Post, les jeunes femmes ont tendance à ne pas signaler les menaces d'agressions sexuelles et de violence, en raison du fait qu'elles ont interiorisé le fait de ne pas être en sécurité en ligne.

"C'est juste comme ça que ça se passe sur internet", a regretté l'une d'entre elles, interrogée par le quotidien.

Une jeune femme ayant signalé son comportement auprès de Yubo a par ailleurs indiqué au Post que cela n'avait eu aucune conséquence.

Ce phénomène avait d'ailleurs été documenté début avril par le Centre contre la haine en ligne, indiquant que 90% des agresseurs en ligne signalés par les jeunes femmes n'étaient pas inquiétés par les plateformes - Instagram, dans ce cas particulier.

Loin de n'être qu'une question de signalements par ces jeunes femmes, cette situation soulève une nouvelle fois le problème de la modération insuffisante des réseaux sociaux, amenant souvent les utilisateurs à partir du principe qu'aucune mesure ne sera prise.

Une porte-parole de Yubo, interrogée par le Washington Post, a indiqué que l'entreprise n'était pas en mesure de confirmer d'éventuels signalements effectués sur la plateforme. "En raison de l'enquête actuellement en cours, et parce que ces informations concernent un utilisateur spécifique, nous ne sommes pas légalement autorisés à révéler ces informations", indique-t-elle.

Victoria Beurnez