Traçage numérique: les données de l'application singapourienne pourront être utilisées par la police

L'application de traçage numérique Trace Together, utilisée à Singapour. - Catherine LAI / AFP
Elle aura été lancée dans les premières semaines de l'épidémie de Covid-19. L'application de traçage numérique singapourienne TraceTogether, qui fait figure de pionnière en la matière, se prêtera bientôt à d'autres usages que ceux auxquels elle était initialement destinée. D'après plusieurs médias nationaux, les données de l'application pourront venir alimenter des enquêtes criminelles.
Plus précisément, la Singapour Police Force (SPF), sous tutelle du ministère de l’Intérieur et dont la mission est de "prévenir, dissuader et détecter la criminalité pour assurer la sûreté et la sécurité de Singapour" pourra venir piocher dans ces données pour obtenir des indices ou éléments de preuve complémentaires au fil de ses enquêtes.
La SPF est habilitée à utiliser les données de TraceTogether en vertu du Code de procédure pénale, a déclaré le ministre d'État à l'Intérieur Desmond Tan au Parlement, lundi 4 janvier, en soulignant que de "strictes mesures" seraient mises en place pour protéger ces mêmes données.
M. Tan répondait en l'occurrence à une question du député Christopher de Souza, qui demandait si les données TraceTogether seraient utilisées pour des enquêtes criminelles, en insistant sur les dispositions légales et garanties envisagées pour l'utilisation de ces données.
4,2 millions d'utilisateurs
Pour rappel, TraceTogether ne s'en remet pas à la géolocalisation de ses utilisateurs, à la manière des applications taïwanaise ou israélienne, mais à leur géolocalisation relative, obtenue grâce au Bluetooth, une norme de communication également utilisée par l'application de traçage numérique française, TousAntiCovid.
L'application est en mesure de détecter automatiquement, sur de très courtes distances, d’autres smartphones se trouvant à proximité, en identifiant par la suite ceux qui sont associés à un utilisateur testé positif au coronavirus. Une notification est envoyée en cas de risque de contamination.
L'application serait utilisée par près de 4,2 millions de personnes, d'après les derniers chiffres en date du 4 janvier, soit près de 78% de la population. Près de deux millions y auraient recours sur smartphone pour deux autres millions depuis un boîtier connecté. La cité-Etat a fin juin entrepris de mettre à disposition des personnes âgées, considérées comme vulnérables et bien souvent peu familiarisées aux smartphones, de tels boîtiers, à emporter partout avec eux.
Le dispositif est voué à être étendu à tous les résidents dépourvus de smartphone et n'étant donc pas en mesure de télécharger Trace Together. D'après le gouvernement, les données collectées par ces appareils sont chiffrées et ne sont pas conservées au-delà de vingt-cinq jour.
Le gouvernement israélien avait un temps envisagé de conférer l'accès aux données de son application de traçage numérique aux forces de l'ordre. Mais le pays a finalement fait machine arrière, début novembre selon Haaretz, face aux menaces que faisait peser une telle initiative sur la vie privée.