Tech&Co
TikTok

Tiktok: la France peut-elle aussi interdire le réseau social chinois?

placeholder video
La Cour suprême a validé la loi interdisant le réseau social sur le territoire américain. La France peut-elle suivre ce modèle?

Grand flou pour Tiktok aux Etats-Unis. La Cour suprême américaine a confirmé la loi qui interdit Tiktok aux Etats-Unis dès lors que ses actifs ne sont pas cédés. Si l'application concrète de ce banissement doit encore être connue, elle plonge le réseau social dans l'inconnu.

Accusé de menacer la sécurité nationale aux Etats-Unis, le réseau social pourrait-il être menacé en France? Une telle décision se prendrait en réalité au niveau européen, afin d’assurer une cohérence sur l’ensemble des pays de l’Union européenne.

C’est d’ailleurs à Bruxelles que les dirigeants de la maison-mère, Bytedance, tentent de convaincre les élus que Tiktok ne représente pas un danger pour les utilisateurs. En janvier 2023, l'ancien commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, avait ainsi appelé la plateforme à faire preuve de davantage de transparence sur le fonctionnement de ses algorithmes.

L'Albanie, premier pays européen à s'en débarasser

Mais sur un éventuel banissement, il n'existe ni consensus entre les Européens ni véritable mouvement de fond pour une telle interdiction même si, régulièrement, cette possibilité revient dans l'actualité. En février 2023, la Commission européenne avait demandé à ses salariés de supprimer l’application des téléphones professionnels et personnels. En décembre dernier, c'est l'Albanie qui a annoncé le bannissement de Tiktok pour au moins un an, pointant du doigt son rôle dans une rixe mortelle dans une école.

Mais pour beaucoup, c'est le spectre d'une menace pour la sécurité nationale qui plane. Candidat LR aux dernières élections européennes, François-Xavier Bellamy était favorable à son bannissement en Europe tout comme Valérie Hayer, candidate pour le parti présidentiel.

Mais la plupart des partis, en France, se montrent plus pondérés voire hostiles au bannissement. C'est notamment le cas du président du Rassemblement national Jordan Bardella, par ailleurs très présent sur la plateforme.

Des contournements faciles

Une interdiction reste d'ailleurs difficile à appliquer. La loi américaine prévoit en réalité le retrait de l'application des magasins Apple et Google mais, au moins pour Android, il ne sera pas compliqué de trouver le fichier source pour l'installer.

Quant aux applications déjà présentes, elles risquent aussi de rester actives (sauf si Tiktok en décide le contraire) mais elles ne pourront plus être mises à jour et finiront, au bout de quelques mois par ne plus fonctionner.

Sur la version web, il faudrait une action des fournisseurs d’accès à Internet, qui seraient alors chargés de bloquer l’ensemble des connexions vers les serveurs de Tiktok. Google pourrait également être mis à contribution, en supprimant les liens vers la plateforme.

Reste que le bannissement de Tiktok pourrait être contourné notamment avec un VPN pour simuler une connexion depuis un pays tiers, où l'application resterait autorisée.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business