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Subventionnée par le ministère de la Culture, l'application Canto est épinglée pour des chants nationalistes

Une enquête a été ouverte par le CNM qui pourrait aller jusqu'à couper les aides

Une enquête a été ouverte par le CNM qui pourrait aller jusqu'à couper les aides - Capture application

Selon une information de Libération, l’application Canto qui propose des chants traditionnels français mais aussi des airs du IIIeme Reich a reçu 40.000 euros de subventions publiques.

Régulièrement citée dans les médias ces derniers mois comme un moyen de préserver les chants traditionnels, l’application Canto est rattrapée par la polémique. Selon Libération, l’équipe derrière Canto, qui répertorie "tous les chants populaires et traditionnels de France pour les sauvegarder en numérique", aurait de nombreux liens avec l’extrême droite et certains chants répertoriés relèvent du répertoire nationaliste.

D'autant que le ministère de la Culture, à travers le Centre National de la musique (CNM), subventionne l’application à hauteur de 40.000 euros. Une première partie de l'aide a été attribuée en janvier 2022. Interrogé par Tech&Co, le CNM confirme qu'une enquête interne est en cours. S'il s'avère que des contenus sortant du cadre légal, comme des chants racistes, antisémites ou appelant à la haine, sont hébergés, l'aide sera suspendue. L'enquête se penche également sur un éventuel décalage entre le dossier de projet de demande envoyé par Canto et la véritable application une fois développée. En cas de non conformité, cela peut aller de la suspension de l'aide jusqu'à une demande de remboursement de la première partie de l'aide financière.

 Organisée en catégories "à la chasse", "enfance", "chants marins", chaque fiche recense la musique, les paroles et son histoire
Organisée en catégories "à la chasse", "enfance", "chants marins", chaque fiche recense la musique, les paroles et son histoire © Capture Canto

L’application gratuite et participative recense 1700 fiches de chants partagées par des utilisateurs ayant la possibilité d’utiliser un pseudonyme. Organisée en catégories "à la chasse", "enfance", "chants marins", chaque fiche recense la musique, les paroles et l’histoire de celle-ci. L’utilisateur peut également créer sa propre playlist.

Des fondateurs proches de l'extrême droite

Mais parmi ces chants répertoriés, bon nombre posent question. Comme le relève Libération, on peut retrouver la Cara al Sol, d'un mouvement fasciste espagnol, des chants populaires catholiques intégristes, mais aussi des airs militaires chantés sous le IIIème Reich comme le Panzerlied ou le Grün ist unser Fallschirmjäger. Ce jeudi midi, ces chants étaient toujours présents sur la plateforme.

Son cofondateur, Charles Dor, plus connu sous le nom de Lancelot Galey, est un ancien membre du GUD, oranisation étudiante d'extrême droite et proche des cercles politiques de Marine Le Pen et d'Eric Zemmour. Il revendique dans plusieurs interviews être très attaché à la préservation des chants traditionnels français. Le secrétaire de l'association Lucas Chancerelle, est également un militant d'extrême droite.

Dans les colonnes de Libération, le directeur général, Gauthier Brioude assume le contenu de la liste de chants partagés par son application.

"Le chant politique fait partie de l’histoire du chant" explique-t-il, précisant que "certains sont apparentés à l’extrême droite, d’autres à l’extrême gauche".

Il assure également qu'une charte va être créée afin de "recentrer le travail sur le coeur de la mission (...) le chant populaire français".

Margaux Vulliet