Pourquoi la NASA veut installer le Wifi sur la Lune avant la Russie ou la Chine

Lancement d'une fusée SpaceX Falcon 9 (image d'illustration) - AFP
L’unique satellite naturel de la Terre va bientôt disposer de sa propre connexion Wifi. Ironie du sort: alors que de nombreuses régions de notre planète bleue restent encore des “zones blanches”, la Lune s’apprête, elle, à se doter de son premier réseau sans-fil.
Solstar Space, pionnier des communications spatiales, a remporté un contrat de la NASA, d’une valeur de 150 000 dollars, pour développer un point d’accès Wifi lunaire de nouvelle génération.

Des besoins pour ses prochaines missions lunaires
Pourquoi la NASA souhaite-t-elle déployer un réseau Wifi sur la Lune? L’agence souligne des besoins critiques en infrastructures de communication pour soutenir ses prochaines missions lunaires. Il s’agit de déployer des solutions Wifi et 3GPP compactes, économes en taille, poids et énergie, destinées à équiper atterrisseurs, rovers, habitats, vaisseaux en orbite autour de la Lune et futures stations comme la passerelle lunaire.
Ainsi, ce projet contribuera directement au programme Artemis et aux initiatives CLPS (Commercial Lunar Payload Services).
Le point d’accès de Solstar vise ainsi à répondre aux besoins de la NASA en matière de connectivité sans-fil “multimode et multibande”, capable de résister aux conditions lunaires extrêmes dans un environnement hostile où la poussière, les températures extrêmes et l'absence d'infrastructure rendent indispensables ces innovations technologiques. Il offrira des communications fiables entre astronautes, systèmes robotiques, véhicules, infrastructures de surface et équipements orbitaux. Conçu pour gérer le flux de données en temps réel, il facilitera la navigation et la coopération scientifique.
Artemis vise à établir une présence durable autour de la Lune et à y ramener des astronautes américains pour la première fois depuis Apollo en 1972. Lancé en 2017 sous le président Donald Trump et baptisé Artemis en 2019, il prépare également les futures missions habitées vers Mars. Le premier alunissage habité est prévu en 2027 avec la mission Artemis III.
"Tout comme le Wifi a révolutionné la vie sur Terre, il sera essentiel pour vivre et travailler sur la Lune. La mission de Solstar a toujours été de maintenir la connexion entre les personnes et les systèmes dans l'espace, et ce prix nous rapproche un peu plus de la concrétisation de cette vision pour les missions lunaires", commente Brian Barnett, fondateur et président de Solstar Space.
Enjeux géopolitiques importants
Dans la vision du gouvernement américain, internet sur la Lune ne se limite pas à faciliter la vie des astronautes et à leur assurer une communication fiable. Il s'agit aussi d'une question géopolitique et économique majeure, avec un fort enjeu de souveraineté numérique face à la Russie... et surtout face à la Chine. Le programme Artemis prévoit d'établir une base au pôle Sud lunaire, une région stratégique où des traces de glace d’eau ont été détectées et qui ne reçoit jamais la lumière directe du Soleil.
Installer les infrastructures nécessaires sur place s'annonce complexe et long, d'autant plus que les lancements vers la Lune ne se font pas encore avec la régularité nécessaire. Disposer de communications solides faciliterait la tâche. Surtout que l’Empire du Milieu rattrape son retard, et même prend de l’avance.
Sous l'autorité du président Xi Jinping, la Chine a propulsé son ambition spatiale, avec l'intention d'envoyer un équipage chinois sur la Lune avant 2030 et d'y ériger une station lunaire.
Le gouvernement chinois a investi des milliards d'euros dans son programme spatial pour rattraper les États-Unis et la Russie, soutenant ainsi son ambition de devenir la principale puissance technologique au monde. Et le wifi se retrouve donc... au milieu de ce "grand jeu". La Nasa a bougé un nouveau pion, après avoir tenté le déploiement d'un réseau 4G lunaire, assuré par Nokia en mars dernier.