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L'Iran utiliserait la reconnaissance faciale pour identifier les femmes qui ne portent pas le hijab

Si la pratique est avérée, l'Iran serait le premier pays à utiliser cette technologie pour imposer une loi vestimentaire aux femmes.

Si la pratique est avérée, l'Iran serait le premier pays à utiliser cette technologie pour imposer une loi vestimentaire aux femmes. - Bulent Kilic

Les femmes iraniennes continuent de manifester en ôtant leur voile. Dans le même temps, les autorités affirment que l'utilisation de la reconnaissance faciale est une possibilité pour identifier des dissidents.

En Iran, les autorités iraniennes ont déclaré que la technologie pouvait aider à l'arrestation des dissidents y compris des femmes ne portant pas le hijab. Des lanceurs d'alertes locaux ont en effet observé que de nombreuses arrestations n'ont pas eu lieu durant les manifestations, rapporte Wired.

En septembre dernier, le chef d'une agence gouvernementale iranienne a déclaré que la technologie serait utilisée "pour identifier les mouvements inappropriés et inhabituels" y compris "le non-respect des lois sur le hijab." Les personnes pourraient être identifiées en vérifiant les visages dans une base de données d'identité nationale afin de procéder à des arrestations.

De leur côté, des lanceurs d'alerte ont observé que de nombreuses arrestations avaient lieu plusieurs jours après les manifestations. Si la pratique est avérée, l'Iran serait le premier pays à utiliser cette technologie pour imposer une loi vestimentaire aux femmes sur la base de croyances religieuses.

Des chercheurs qui ont également travaillé sur la question rendent public leurs soupçons. Mahsa Alimardani mène des recherches sur la liberté d'expression en Iran à l'université d'Oxford. Elle a récemment entendu parler de femmes iraniennes qui ont reçu des courriers des autorités pour avoir enfreint la loi sur le hijab sans avoir eu d'échanges préalables avec un policier.

Un système de surveillance chinois

La chercheuse explique à Wired que le gouvernement iranien a passé des années à mettre en place un appareil de surveillance numérique. L'Iran dispose d'une base de données nationale d'identité du pays. Créée en 2015, elle comprend des données biométriques comme des scans du visage utilisés pour les cartes d'identité et identifier des dissidents.

Selon un rapport publié en décembre 2021 par IPVM, une partie du système de reconnaissance faciale utilisée en Iran provient de la société chinoise Tiandy. L'IPVM a constaté que le site Web de Tiandy Iran a été répertorié comme client de la police islamique iranienne.

De multiples branches du gouvernement iranien ont accès à la technologie de reconnaissance faciale, relève Wired qui affirme que les agents iraniens ont commencé à l'utiliser en 2020. Ils ont alors infligé des amendes et envoyé des avertissements par SMS à des femmes sur le port du hijab à l'intérieur d'un véhicule. En Iran, les femmes considérées comme dissidentes peuvent perdre l'accès aux banques, aux transports publics et à d'autres services publics essentiels.

Depuis le début des manifestations, la République Islamique restreint l'accès à Internet, ce qui rend plus difficile le partage des informations.

Margaux Vulliet