Une chanson aux relents racistes et générée par IA entre dans le top 50 de Spotify en Allemagne

4,1 millions d'écoute sur Spotify en moins d'un mois. 3e chanson la plus virale selon la plateforme de streaming. 48e chanson la plus écoutée en Allemagne - le quatrième marché musical mondial. Verknallt in einen Talahon, une chanson allemande de l'artiste Butterbro, enchaîne les records d'audience, selon le Guardian.
Mais ce tube de l'été a plusieurs particularités. Il s'agit en réalité d'une chanson parodique générée entièrement par une intelligence artificielle (IA), à l'exception des paroles. Elle a été réalisée via Udio, un outil d'IA qui peut générer des voix et une musique à partir d'un simple texte. Le problème, c'est qu'elle reprend beaucoup de stéréotypes racistes sur les immigrés.
Des clichés racistes et des polémiques
À commencer par le titre de la chanson. Il se traduit par "Coup de foudre pour un Talahon", un terme péjoratif qui désigne un jeune homme issu de l'immigration. La musique se veut être une parodie du schéma classique de la pop des années 1960, où une "fille de bonne famille" tombe amoureuse d'un "mauvais garçon".
Les paroles reprennent bon nombre de clichés: il a un couteau dans la poche, il sent l'eau de toilette à plein nez, gagne son argent de manière "normale" selon lui, c'est-à-dire illégalement. Il porte ainsi "une ceinture Louis Vuitton, un sac Gucci et des baskets Air max" et "sent comme un magasin de parfum", précise les paroles.
Sans surprise, le tube a créé la controverse. La presse allemande dénonce un tube qui, par son succès, normalise un discours ouvertement raciste. Pour Felicia Aghaye, journaliste allemande pour le magazine musical Diffus, le tube est doublement problématique". "Les partis de droite, par exemple, utilisent 'Talahon' (...) pour attiser l’islamophobie et la xénophobie", déplore-t-elle.
"Le terme est clairement rétrograde. On peut se demander si l'artiste banalise l'expression, la glorifie ou l'attaque", s'interroge Marie-Luise Goldmann, rédactrice culturelle du journal conservateur Die Welt.
De son côté, l'artiste se défend de toute discrimination. Il explique à Die Klangküche (The Sound Kitchen), un podcast allemand de production musicale, avoir voulu se "moquer des comportements ouvertement machos" de ces jeunes hommes "sans aucune discrimination". Il précise également que sa première motivation était de créer le buzz sur les réseaux sociaux.
Plus tôt cette année, en juin, la chanson raciste "Je partira pas" avait largement été relayée sur Tiktok et sur X (ex-Twitter). SOS Racisme avait ainsi porté plainte pour provocation à la haine. En mars, une vidéo générée par l'IA montrant un discours d'Adolf Hitler au Reichstag en 1939 avait accumulé des millions de vues sur X après sa diffusion par un extrémiste blanc.