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Obo, l'IA française qui veut rendre les recrutements plus justes, plus rapides, sans négliger l'humain

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Au Gitex Global de Dubai, la start-up française Obo World présente une IA qui joue les assistants RH pour trouver la future perle rare des entreprises, restaurants et hôtels.

Le recrutement des futurs collaborateurs n’échappe pas à l’IA, décidément capable de s'adapter à tous les besoins. Au Gitex de Dubai, la start-up Obo World présente Obo, un avatar capable de trier, rechercher et sélectionner les meilleurs candidats à un poste avant de leur faire "passer un pré-entretien".

Pas d’inquiétude, ce n’est pas une IA qui va décider de votre avenir au sein de l’entreprise. "Nous ne cherchons pas à remplacer l’humain, mais à l’assister", insiste Sonia Reis-Masclez, cofondatrice d’Obo World. Cette IA est davantage conçue comme un assistant RH. Car la décision finale va rester du ressort d’un véritable directeur des ressources humaines ou d’un recruteur bien réel.

“Gagner jusqu’à 80% de temps dans le recrutement"

Obo se veut une solution qui doit faire gagner "jusqu’à 80% de temps consacré à la phase de présélection" aux recruteurs. Car ce temps perdu, c’est celui du tri, de la lecture et de la sélection des candidatures, mais aussi des premiers entretiens. Obo World veut confier cela à son IA conçue “à 100% en interne et sans brique autre”. Ancien cabinet de recrutement transformé en start-up HR Tech, il s’est donc attelé à ce "problème très concret de la perte de temps colossale liée au tri manuel de CV."

"Au bout de 20-30 CV, on n’en peut plus!", résume-t-elle. "Et souvent, les bons candidats ne répondent même pas ou ne sont pas dans le lot." Alors, c’est à l’IA que va incomber la tâche de trouver les perles rares demandées par les clients. Elle va ainsi partir en quête des CV déposés sur Linkedin, Jobboards et autres sites, ceux reçus par les entreprises aussi, les lire dans n’importe quel format (texte, photo, PDF…), les analyser et identifier ceux qui correspondent aux critères recherchés.

La solution d’Obo World prend la forme d’une plateforme en mode abonnement SaaS, "comme Netflix", plaisante Sonia Reis-Masclez. Une demi-plaisanterie, car le fonctionnement en interface web se veut aussi simple et rapide à l’exécution. Issus du milieu juridique, du recrutement et de la tech, les trois cofondateurs (Sonia Reis-Masclez, Alexandre Mazel et Mathieu Masclez) ont le mérite de bien connaître le secteur, ses problèmes et solutions potentielles, mais aussi ses exigences. "On fait tout pour être en conformité avec le RGPD et l’IA Act, car on traite des données personnelles sensibles", précise-t-elle.

Les clients vont indiquer leurs requêtes de profil (compétences, secteurs, langues parlées, salaires, etc.). En deux à trois minutes, l’IA fournit une première liste de profils pertinents, classés avec un score de compatibilité. Les recruteurs peuvent alors déclencher un entretien de pré-qualification automatisé et l’IA enverra un email au candidat avec un lien pour passer un court entretien virtuel avec Obo, un avatar plus humanisé. Avantage pour le candidat, il est disponible 24 h/24, 7 jours/7.

Cet entretien va, lui aussi, suivre un scénario défini avec le recruteur en fonction du poste visé et se présente sous la forme de questions avec des choix. "On ne cherche pas le même profil pour un hôtel de luxe ou pour une hôtesse de salon. Il s’agit souvent de mise en situation pour cerner les réflexes du candidat", explique la cofondatrice.

À terme, Obo World espère pouvoir déployer un agent conversationnel IA qui pourrait échanger plus naturellement avec le candidat. Mais la réglementation européenne ne rend tout cela pas encore possible et c’est ailleurs, au Moyen-Orient ou en Amérique, que le modèle va être testé en attendant.

Un fonctionnement aussi rapide et simple que Netflix

Selon Obo World, l’IA se veut aussi un recruteur "plus inclusif". "L’IA ne juge pas si un candidat lui plaît ou pas. Elle fait uniquement ce qu’on lui dit", insiste-t-elle. "En cadrant précisément les critères, l’outil va limiter les biais liés à l’âge, au genre ou à l’origine". À moins, comme toujours, que le client ne les saisisse… Car il n’est pas question que l’IA aille au bout du processus. "Les recruteurs peuvent enfin se concentrer sur ce qui compte: les entretiens humains, les échanges, la personnalité", ajoute l’ancienne juriste.

Obo, l'assistant RH à l'IA créé par la start-up française Obo World, lors du Gitex Global de Dubai 2025
Obo, l'assistant RH à l'IA créé par la start-up française Obo World, lors du Gitex Global de Dubai 2025 © Tech&Co

Les premiers clients d’Obo World sont aussi bien des cabinets de recrutement que des entreprises. Des tests pilotes sont en place dans l’hôtellerie, la restauration et le retail, des secteurs au fort turnover de personnel et où le recrutement est de plus en plus difficile.

Obo World espère ainsi réconcilier les RH avec la technologie, mais pas question de faire du recrutement une affaire de technologie et de sacrifier l’équité ou le contact humain. "L’IA doit rendre du temps à l’humain, mais pas en le remplaçant”, conclut Sonia Reis-Masclez. Une promesse qui peut trouver une résonance auprès de recruteurs débordés. Et qui pourrait bien rebattre les cartes dans un secteur où chaque minute compte.

Melinda Davan-Soulas