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"Nous voulons en faire la prochaine Scarlett Johansson ou Natalie Portman": une actrice générée par IA intéresse les agences de talents

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Tilly Norwood, une actrice entièrement générée par IA, a déjà décroché son premier rôle et la prochaine étape de sa carrière sera de voir quelle agence artistique va représenter ses intérêts. A terme, le studio Xicoia, qui l'a créée, prévoit de développer plus de 40 acteurs IA...

C'est peut-être la future Scarlett Johansson. Elle, c'est Tilly Norwood, une actrice entièrement générée par IA par le studio Xicoia. Lors du festival du film de Zurich, Eline Van der Velden, actrice et productrice de l'agence Xicoia et du studio spécialisé dans les productions générées par l'IA, Particle6, a déclaré que sa "protégée" aurait déjà attiré l'attention de plusieurs agences de talent, selon Variety.

"Nous étions présents dans de nombreuses salles de réunions en février, et tout le monde disait: 'Non, ce n'est rien. Ça n'arrivera pas.' Puis, en mai, les gens disaient: 'Il faut qu'on fasse quelque chose avec vous'", a déclaré Eline Van der Velden, auprès de Deadline.

Un pas supplémentaire vers l'implantation de l'intelligence artificielle à Hollywood. Et les choses avancent vite. Pour preuve, Tilly Norwood a déjà décroché son premier rôle dans AI Commissioner, le film est, comme son nom le laisse deviner, entièrement généré par IA et est produit par Particle6.

Il "imagine un futur où les formats s'écrivent eux-mêmes, où les acteurs sont générés et les décisions créatives sont faites par des modèles d'apprentissage machine", explique Eline Van der Velden sur Instagram, avant d'ajouter. "Oui, c'est une parodie. Oui, c'est étrangement proche de la réalité."

"Nous voulons que Tilly soit la prochaine Scarlett Johansson"

"J'ai du mal à y croire… mon tout premier rôle", s'enthousiasme l'actrice IA. (...) Je suis peut-être générée par une intelligence artificielle, mais je ressens des émotions bien réelles en ce moment. J'ai tellement hâte de voir ce qui va suivre."

Et son studio a de grands projets pour elle. "Nous voulons que Tilly soit la prochaine Scarlett Johansson ou Natalie Portman, c'est le but de ce que nous faisons", assure Eline Van der Velden à Broadcast International. Une fois Tilly installée dans le paysage médiatique, Xicoia prévoit de développer plus de 40 acteurs IA.

Pour cela, le studio s'appuie sur DeepFame, un moteur de personnalités d'avatars. Contrairement aux avatars statiques, les personnages IA de Xicoia sont dotés d'une histoire, de voix distinctes, d'arcs narratifs évolutifs et de personnalités pleinement affirmées. Ils peuvent engager des conversations improvisées, improviser des monologues et adapter leur ton en fonction du contexte.

Selon la productrice, les problèmes économiques poussent l'industrie audiovisuelle vers la production à base d'IA. La société assure par exemple travailler avec "plusieurs stars hollywoodiennes" qui souhaitent être rajeunis grâce à l'IA. Elle collaborerait également avec des ayants droit pour "ramener des artistes légendaires sur grand écran". Elle espère, à termes, intéresser aussi bien les productions cinématographiques et télévisuelles, que les podcasts, les réseaux sociaux, les campagnes de marque ou les jeux vidéo.

Le cinéma et l'IA, une histoire compliquée

Autant d'annonces loin de plaire à l'ensemble de l'industrie du septième art. Comme le rapporte Première, sur les réseaux sociaux, plusieurs acteurs n'ont pas manqué de hausser le ton. "Ils ont volé les visages de centaines de jeunes femmes pour créer cette soi-disant actrice IA. Ce ne sont pas des créateurs. Ce sont des voleurs d’identité", lance l’actrice Mara Wilson (Mrs. Doubtfire, Matilda).

"Je supplie chaque acteur que je connais de boycotter ça", écrit Abigail Breslin, (Little Miss Sunshine, Zombieland). "Si votre agence essaie de signer avec une actrice IA, vous devriez la quitter. C’est un énorme doigt d’honneur à tout notre métier."

L'utilisation de l'IA dans l'industrie du cinéma reste controversée. Dès 2023, plusieurs syndicats d'acteurs avaient fait grève à Hollywood pour obtenir des garanties concernant l'usage de l'intelligence artificielle (IA), pour empêcher la génération des scripts, le clonage de la voix ou de l'image des professionnels du septième art.

En parallèle, plusieurs entreprises tentent pourtant de faire une incursion à Hollywood. C'est le cas d'OpenAI. La start-up de Sam Altman a par exemple prêté ses outils et ses ressources informatiques pour créer un long-métrage d'animation. De son côté, la plateforme Showrunner, soutenue par Amazon, ambitionne de reconstruire les 43 minutes détruites de La splendeur des Amberson.

Salomé Ferraris