"Nous avons la volonté d'accélérer": Clara Chappaz détaille le plan "Osez l'IA" à destination des entreprises

Introduire un maximum d'entreprises françaises à l'IA, c'est l'objectif d'"Osez l'IA". Au micro de Tech&Co, la quotidienne, la ministre déléguée Clara Chappaz est venue présenter ce plan mené par le gouvernement français.

"100% d'utilisation de l'IA chez les grands groupes français en 2030". C'est l'objectif affiché par le plan gouvernemental "Osez l'IA", lancé le 1er juillet 2025. Invitée de Tech&Co la quotidienne, la ministre déléguée chargée de l'IA et du Numérique, Clara Chappaz, est revenue sur la mise en place de ce dispositif ambitieux.

"C'est le paradoxe français aujourd'hui, depuis 2018, on a été très en avance, on est dans la course (...) avec (nouvelle) phase, c'est bien de s'adresser à la question de l'adoption, car on voit bien qu'il y a des entreprises en retard," a expliqué Clara Chappaz.

Son déploiement fait suite à un constat de la part du gouvernement: seule une minorité des entreprises françaises ont adopté l'IA parmi leurs outils du quotidien. Les plus petites entreprises se montrent particulièrement réfractaires à l'adoption de la technologie. En intégrant l'IA dans les pratiques, l'État espère ainsi faire gagner en productivité et en compétitivité les sociétés de toutes tailles.

"Osez l'IA" fixe pour 2030 un déploiement de l'IA dans:

• 100% des grands groupes (pour 53% aujourd'hui)
• 80% des ETI et des PME (pour 13% aujourd'hui)
• 50% des TPE (pour 8% aujourd'hui)

"Seules 8% des TPE et 13% des PME utilisent aujourd'hui l'IA, nous avons la volonté d'accélérer cette adoption", précise Clara Chappaz.

Une transition en trois étapes

Cette initiative vise à convaincre les entreprises des opportunités liées à l'IA et les accompagne dans la démarche s'appuie sur trois étapes: sensibiliser, former et accompagner.

Pour y parvenir, le gouvernement lance le recrutement de plus de 300 ambassadeurs. Ces derniers seront chargés d'expliquer les usages possibles de l'IA dans leur secteur respectif (industrie, recherche, transport, agriculture, éducation, etc.). Il organisera également des rencontres et des événements pour mettre en relation des entreprises et des conseillers en IA.

"Quand on regarde de façon macro, nous ne sommes pas en avance, car quand on interroge les gens, on me dit 'l'IA, ça intimide', c'est plein de questions (...) c'est ça l'ambition de ce plan, pour supprimer ce verrou culturel", estime la ministre. "Il y a une façon pour que l'IA aide de nombreux secteurs, mais ce sera différent à chaque fois."

L'État entreprend de former près de 15 millions de professionnels d'ici 2030. Pour cela, une plateforme internet baptisée "Académie de l'IA" devrait ouvrir dès octobre 2025. Sur cette dernière, des formations et tutoriels sur l'utilisation de l'IA à destination des entreprises seront mis à disposition. Le gouvernement entend également déployer massivement des formations à l'IA dans les cursus universitaires, pour les demandeurs d'emploi, mais aussi pour les salariés et dirigeants selon l'entreprise.

"Je ne crois pas en un monde où l'IA va nous remplacer, mais c'est de plus en plus évident qu'il va y avoir un fossé entre les salariés, dirigeants d'entreprises, cadres, qui utilisent l'IA, et les autres," ajoute Clara Chappaz, qui souhaite donc lancer des ateliers de formation pour que le plus grand nombre puisse s'y intéresser.

La suite du programme prévoit un accompagnement pour chaque entreprise dans sa transition, d'abord en évaluant quelles IA pourraient être pertinentes selon les cas d'usage. L'État entend également aider les organismes à financer ce déploiement.

La France en plein virage de l'IA

Ce plan poursuit l'effort du gouvernement d'Emmanuel Macron de ne pas rater le virage de l'intelligence artificielle. Le président martèle son souhait de bâtir une souveraineté numérique européenne, ce à quoi répond le plan "Osez l'IA".

A ce titre, Clara Chappaz explique vouloir mettre en avant les IA "souveraines" et "françaises".

Cette volonté se manifeste aussi via d'autres initiatives comme le partenariat entre Mistral et Nvidia présenté à l'occasion du salon Vivatech 2025.

Théotim Raguet avec Sylvain Trinel