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La voix du secrétaire d'État américain Marco Rubio copiée par une IA pour envoyer des messages à des ministres étrangers

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio arrive au Quai d'Orsay, à Paris, le 17 avril 2025.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio arrive au Quai d'Orsay, à Paris, le 17 avril 2025. - JULIEN DE ROSA / POOL / AFP

Washington a confirmé qu'un imposteur avait utilisé l'intelligence artificielle pour se faire passer pour Marco Rubio dans des messages textuels et vocaux, notamment avec la messagerie chiffrée Signal.

L'intelligence artificielle va-t-elle bientôt remplacer les politiques? Fort heureusement, non. Mais elle leur est tout aussi préjudiciable qu'à n'importe qui. Avec des conséquences parfois plus délicates à gérer.

Un imposteur se faisant passer pour le secrétaire d'État américain Marco Rubio a envoyé de faux messages générés par l'IA à des ministres étrangers ainsi qu'à de hauts responsables américains, rapporte mardi le Washington Post.

D'après le journal, un câble émis par le bureau du chef de la diplomatie assure qu'un individu non identifié "a contacté au moins cinq personnes extérieures au ministère, dont trois ministres des Affaires étrangères, un gouverneur américain et un membre du Congrès américain" avec des SMS, mais aussi via la messagerie chiffrée Signal.

L'imposteur a probablement cherché à manipuler de hauts responsables "dans le but d'accéder à des informations et des comptes (personnels)", estiment les autorités américaines dans ce même câble daté du 3 juillet.

Canulars "infructueux" et "peu sophistiqués"

Cette campagne d’usurpation d’identité a commencé à la mi-juin, lorsque l’individu a créé un compte sur Signal, avec "Marco.Rubio@state.gov" comme nom d’utilisateur. Il y a contacté des diplomates et des responsables politiques étrangers et nationaux qui ne se sont pas méfiés.

L’imposteur "a laissé des messages vocaux à au moins deux personnes visées et dans un cas, a envoyé un SMS les invitant à communiquer sur Signal", indique le câble. Le contenu des messages reste inconnu. Selon le document, l’identité d’autres employés du département d’État a également été usurpée à l’aide d’adresses email.

Peu de temps après les révélations du Washington Post, celles-ci ont été confirmées par Washington.

"Le département d’État a bien sûr connaissance de cet incident, le suit et s’en occupe actuellement", a déclaré sa porte-parole Tammy Bruce lors d’un point-presse mardi, sans communiquer davantage de précisions "pour des raisons de sécurité".

Il "prend au sérieux sa responsabilité de protéger ses données et de continuellement prendre des mesures pour progresser en matière de cybersécurité afin d’éviter des incidents à l’avenir", a-t-elle ajouté. Des responsables du département d’État ont en outre assuré que les canulars impliquant le secrétaire d’État américain ont été "infructueux" et "peu sophistiqués".

Usurpation d'identité de hauts fonctionnaires

De son côté, le FBI a mis en garde contre des "acteurs malveillants" qui, depuis avril, usurpent l’identité de hauts fonctionnaires américains pour cibler leurs contacts, notamment d’anciens ou d’actuels agents fédéraux.

"Les acteurs malveillants ont envoyé des SMS et des messages vocaux générés par l’IA - techniques connues sous le nom de 'smishing' et 'vishing' - qui prétendent provenir d’un haut fonctionnaire américain dans le but d’établir un premier contact avant d’accéder à des comptes personnels", a déclaré le FBI en mai.

En mai également, Donald Trump avait révélé que le téléphone de Susie Wiles, la directrice de cabinet de la Maison Blanche, avait été infiltré. Selon le Wall Street Journal, des sénateurs, des gouverneurs et des chefs d’entreprise américains avaient alors reçu des messages et des appels de la part d’une personne se faisant passer pour elle.

Si cela a conduit à une investigation du FBI et de la Maison Blanche, le président américain a toutefois minimisé la menace, assurant que Susie Wiles était "une femme incroyable" qui pouvait "gérer" la situation.

Kesso Diallo avec AFP