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L'IA est-elle un gouffre écologique?

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Grâce à un mix énergétique en faveur des énergies renouvelables et du nucléaire, la France pourrait donner le "la" sur la consommation énergétiques de l'intelligence artificielle.

Lorsque l'on parle d'intelligence artificielle, d'autant plus générative, il est souvent question d'écologie. Selon l'Agence internationale de l'énergie, une requête sur ChatGPT représente ainsi dix fois celle d'une recherche Google, en matière d'énergie utilisée par les data centers.

Il faut dire qu'en l'espace de quelques années, l'usage de l'IA a augmenté de manière exponentielle même si, selon une étude de Polytechnique Insights, les centres de données dédiés à l'intelligence artificielle ne représentent pas encore la majorité de la consommation en énergie.

La consommation de l'IA dépend de la requête

En réalité, cela dépend grandement de la requête d'un côté comme de l'autre. Sur une IA générative, on peut ainsi demander du texte, un code pour un jeu ou un logiciel, mais aussi une image, des vidéos, et des musiques. Les usages sont multiples, si bien qu'on ne peut pas simplement la comparer avec une recherche de Google. D'ailleurs, de quelle recherche s'agit-il? Un lien vers un site? Des images? Des vidéos Youtube?

L'institut Deloitte explique que la consommation électrique annuelle des centres de données (qui ne seront pas tous dédiés à l'IA) représentera en 2030 3% de la consommation électrique dans le monde, soit 1000 Twh, qui équivaut à celle de l'Allemagne et de la France combinée par année.

Là où les centres IA sont néanmoins scrutés, c'est dans leur consommation en eau. D'ici 2027, on estime que l'intelligence artificielle pourrait consommer jusqu'à 6,6 milliards de mètres cubes d'eau. Une empreinte écologique énorme, mais que les différentes entreprises liées à l'IA tentent de contenir en développant des outils permettant le recyclage des déchets générés.

Un mix énergétique en faveur de la France

Utiliser une IA consiste de fait à polluer, mais on peut aussi le faire de manière raisonnée. Comme l'explique l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, il convient d'abord de limiter ses requêtes auprès d'une intelligence artificielle générative. Mais le mix énergétique de la France peut aussi servir d'exemple. Celui-ci est en faveur des énergies renouvelables et surtout du nucléaire, rendant l'impact des centres de données situés dans l'Hexagone bien moins polluants que ceux présents aux Etats-Unis.

C'est ce que souligne Arthur Mensch, patron de Mistral AI, dans une interview accordée à France Inter: "Ce que l'intelligence artificielle va créer dans les années qui viennent, c'est une demande supplémentaire en énergie, mais ça reste largement inférieur aux coûts de l'industrie ou du transport," estime-t-il. "La France, à ce titre, à une chance unique: elle a un mix énergétique particulièrement décarbonée."

La solution idéale n'existe pas, mais on peut néanmoins s'appuyer sur des modèles à la fois open source et surtout disponibles en local, évitant ainsi de passer par des data centers. Aujourd'hui, Mistral propose un modèle de langage suffisamment petit pour tourner sur un ordinateur portable. C'est aussi le cas de Deepseek, une méthode qui permet, par ailleurs, d'échaper à la censure chinoise.

Sylvain Trinel