L'IA engendrera autant de pollution que 10 milliards d'iPhone jetés d'ici 2030, selon une étude

L’IA ne génère pas que du texte ou des images, elle génère aussi des déchets. Une récente étude parue dans Nature estime la pollution engendrée par l’IA d’ici 2030.

Entre 1,2 et 5 milliards de tonnes de déchets électroniques soit l’équivalent de 20 milliards de smartphones, et ce, entre 2020 et 2030. L’IA et son développement polluent plus qu’on ne le croit. Des chercheurs de l’Académie des Sciences chinoise et de l’Université de Cambridge en montrent l’ampleur dans cette étude publiée dans la revue scientifique Nature Computational Science.

La tech, bientôt un des secteurs les plus polluants ?

Dans ce contexte, on parle de e-waste ou déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). On compte parmi eux la plupart des équipements électroménagers, les écrans ou les téléphones. Mais les DEEE à l'origine de cette explosion de pollution, ce sont les composants électroniques comme les cartes ou les puces qu'on retrouve dans nos ordinateurs.

Il s'agit là de détritus qui polluent en raison de la présence de certains produits ou composants particulièrement nocifs. Selon le Ministère de l'Écologie, on y retrouve notamment du mercure, des PCB et certains gaz à effet de serre.

Pourquoi le secteur de la technologie génère autant de déchets? Dans le monde de la tech, l’innovation et la concurrence sont reines. En conséquence, l’obsolescence d'un produit devient un problème auquel toute entreprise est rapidement confrontée. Une carte électronique est vite remplacée par un modèle plus puissant. Et puisque le développement de l’IA générative demande de plus en plus de ressources, cela accélère d’autant plus cette course aux composants les plus performants.

L'équivalent de 10 milliards de smartphones en 2030

En 2023, l’IA générative a généré près de 2.600 tonnes de DEEE selon l'étude. En 2030, si aucune mesure n’est prise, le pire scénario envisagé par les chercheurs multiplie par 1.000 cette quantité de déchets. Ils l'estiment à 2,5 millions de tonnes de déchets électroniques ce qui représente 10 milliards de smartphones jetés (à 250 g l’unité) sur une seule année.

Cette augmentation exponentielle s’explique par une démocratisation à grande échelle de l’intelligence artificielle dans les prochaines années. Les chercheurs ont déjà observé une nette augmentation des DEEE entre 2020 et 2023, période pendant laquelle ChatGPT et d'autre IA génératives ont commencé à émerger.

En comptant l'ensemble des DEEE (qui inclut par exemple les équipements électroménagers), l'UNITAR (Institut des Nations unies pour la formation et la recherche) prévoit 82 millions de tonnes de déchets pour l'année 2030 au niveau mondial.

Une atténuation possible

Un scénario alternatif et plus optimiste est envisagé par les chercheurs. Il permettrait de réduire les DEEE de 16 à 86%. Plusieurs pistes sont à explorer, parmi lesquelles un processus de décyclage: les composants électroniques pourraient être recyclés en des objets de moins grande valeur.

Les chercheurs tendent aussi à privilégier peu de composants, récents et puissants, plutôt que de multiples composants peu puissants. Enfin, ils incitent à optimiser les logiciels pour qu’ils demandent moins de ressources et n'accélèrent pas l’obsolescence des composants électroniques.

"La mise en œuvre de stratégies d'économie circulaire tout au long de la chaîne de valeur des intelligences artificielles génératives pourrait réduire la production de déchets électroniques. Cela souligne l'importance d'une gestion proactive des déchets électroniques face à l'évolution des technologies des IA génératives" indiquent les chercheurs.

Théotim Raguet