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Google et Universal Music Group veulent accompagner la création de musiques par IA

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Google et Universal Music Group négocient actuellement des accords de licence sur les mélodies et les voix des artistes pour des chansons générées par l'intelligence artificielle.

Les récents outils pour générer des chansons générées par intelligence artificielle (IA) posent de nouvelles questions de droit. Dans ce contexte, un article, publié le 8 août dans le Financial Times, rapporte que des discussions sont actuellement en cours entre Google et Universal Music pour évoquer la possibilité d'accorder des licences sur les chansons produites par ce moyen.

Ces négociations, dont la tenue a été confirmée par quatre personnes proches du dossier, ont pour objectif d'établir un partenariat stratégique entre ces deux acteurs aux prises avec les conséquences de l'essor de l'IA générative.

Produire des chansons légalement

Il faut dire que cet outil a donné lieu, ces derniers mois, à une déferlante de chansons, assimilées à des "deepfake", qui imitent de manière convaincante la voix, les paroles ou le son d'artistes établis. Souvent sans leur consentement.

La voix de Frank Sinatra a ainsi été utilisée pour créer dans nouvelle version de la chanson hip-hop "Gangsta's Paradise", tandis que celle de Johnny Cash a été utilisée pour le single pop "Barbie Girl". Un utilisateur de YouTube appelé PluggingAI propose des chansons qui reproduisent les voix des rappeurs Tupac et Notorious B.I.G., aujourd'hui décédés.

"La voix d'un artiste est souvent la partie la plus précieuse de son activité et de sa personnalité publique, et la voler, quel que soit le moyen utilisé, est répréhensible", a déclaré Jeffrey Harleston, avocat général d'Universal Music, aux législateurs américains le mois dernier.

Les discussions entre Google et Universal Music n'en sont qu'à leur début, précise le Financial Times. Selon des personnes proches du dossier, l'objectif est de mettre au point un outil qui permettra aux fans de créer ces morceaux générés par IA légalement et de rémunérer les détenteurs des droits d'auteur en contrepartie. Les artistes auraient le choix d'y participer ou non. Warner Music, le troisième plus grand label de musique au monde, est également en discussion avec Google à ce propos.

La question des droits d'auteurs

L'industrie musicale compare l'essor des chansons générées par l'IA aux premiers jours de YouTube, propriété de Google, lorsque les utilisateurs ont commencé à utiliser des chansons populaires en guise de bande-son aux vidéos qu'ils créaient.

L'industrie musicale a passé des années à se battre avec YouTube pour violation des droits d'auteur, mais les deux parties ont établi un système qui lui rapporte aujourd'hui environ 2 milliards de dollars par an pour ces vidéos générées par les utilisateurs, détaille le Financial Times. Par ailleurs, face à la montée en puissance de l'IA, certaines grandes stars se sont inquiétées de voir leur travail dilué par de fausses versions de leurs chansons et de leurs voix.

La question a été mise en lumière au début de l'année lorsqu'une chanson produite par l'IA et imitant les voix de Drake et de The Weeknd est devenue virale en ligne. Universal Music, qui héberge Drake, Taylor Swift et d'autres musiciens populaires, a fait retirer la chanson des plateformes de diffusion en continu pour violation des droits d'auteur.

En avril, Drake a dénoncé une autre chanson qui utilisait l'IA pour imiter sa voix, la qualifiant de "goutte d'eau qui fait déborder le vase", tandis que le rappeur Ice Cube a qualifié ces morceaux clonés de "démoniaques".

Louis Mbembe