Comment des poissons d'avril se sont retrouvés dans l'IA de Google

Un iPhone affichant le moteur de recherche de Google - BFMTV
Depuis 2018, Ben Black, journaliste, profite du poisson d'avril pour écrire une fausse histoire amusante sur son site d'information Cwmbran Life. En 2020, il a par exemple publié un article dans lequel il affirmait que Cwmbran, ville nouvelle du Pays de Galles, avait été reconnue par le Guinness World Records pour avoir le plus grand nombre de ronds-points au kilomètre carré.
Comme le journaliste l'a expliqué à la BBC, le concept de son histoire est lié au fait que Cwnbran est une ville nouvelle, où "relier les maisons par des ronds-points est souvent la façon la plus facile de construire". Il a ainsi inventé un nombre de ronds-points par kilomètre carré et inclut une fausse citation d'un habitant dans son article.
Alors qu'il a commencé à écrire ces histoires pour "s'amuser un peu", il a eu le malheur de découvrir que celle de 2020 avait été présentée comme une vraie information par certains.
Propagation de fausses informations
L'après-midi même de la publication de son article, Ben Black a précisé qu'il s'agissait d'un poisson d'avril pour éviter que ses lecteurs pensent que son histoire était vraie. Il a aussi effectué d'autres modifications. Le journaliste a cependant découvert le lendemain qu'un grand site d'information national avait repris son histoire sans son autorisation. Il a essayé de faire retirer cet article, mais sans succès.
S'il avait depuis "tout oublié", le journaliste a découvert, en cherchant ses précédentes histoires pour le poisson d'avril de cette année, que celle de 2020 était encore reprise par d'autres. Parmi eux figure un outil d'IA de Google.
"C'est vraiment effrayant que quelqu'un en Écosse puisse taper 'routes du Pays de Galles' sur Google et tomber sur une histoire qui n'est tout simplement pas vraie", a déclaré Ben Black à la BBC.
"Ce n'est pas une histoire dangereuse, mais elle montre que les fausses informations peuvent facilement se répandre, même si elles proviennent d'une source d'information fiable", a-t-il ajouté. Le journaliste estime que l'intelligence artificielle devient une menace croissante pour les éditeurs indépendants, car de nombreux outils utilisent leur contenu original sans leur autorisation et le présentent sous d'autres formats pour que d'autres puissent en profiter.
"C'est vraiment frustrant parce que maintenant, personne ne visitera nos sites web", a déploré Ben Black. Il reproche également aux grands sites d'information d'avoir conclu des accords de collaboration avec des entreprises spécialisées dans l'IA. Le Financial Times et le groupe News Corp (Wall Street Journal, New York Post...) ont par exemple signé des accords avec OpenAI en 2024 pour que l'entreprise puisse utiliser leurs contenus.
Si Ben Black était "trop occupé" pour publier une fausse histoire pour le poisson d'avril de cette année, il a fait savoir que cette expérience l'avait découragé et incité à ne plus en écrire à l'avenir.