Aux États-Unis, une IA entraînée à repérer les sans-abris qui dorment dans leur voiture

C'est une première. Depuis juillet dernier, la ville de San José en Californie entraîne l'intelligence artificielle à identifier des véhicules utilisés comme logement par des sans-abris.
Le principe est simple. Des caméras de différentes entreprises partenaires ont été installées sur un véhicule municipal qui circule dans la ville. Le dispositif collecte des images des rues et des espaces publics, qui sont ensuite utilisées pour entraîner les algorithmes d'une intelligence artificielle à détecter les tentes et les voitures des sans abris, selon le Guardian.
Améliorer la précision
Tout l'enjeu du programme est d'apprendre aux algorithmes à faire la différence entre un camping-car ou une voiture vide, et un véhicule utilisé comme logement. Pour cela, les algorithmes sont entraînés à détecter des "signes d'habitation par procuration".
"Les vitres sont-elles couvertes à l'intérieur du véhicule? Y a-t-il des serviettes? Y a-t-il des déchets à l'extérieur du véhicule, ce qui suggère que des habitants auraient mangé et qu'ils ont du mal à se débarrasser des détritus?", détaille Ken Salsman, directeur de la technologie chez Ash Sensors, une des entreprises partenaires du projet.
Pour le moment, les algorithmes détectent les camping-car habités avec une précision d'au moins 70%. Un taux de réussite qui tombe à seulement 10 à 15% pour les voitures habitées.
"L'objectif du programme est d'atteindre une précision moyenne d'au moins 70%", ambitionne Khaled Tawfik, directeur du département des technologies de l'information de San José, interrogé par le Guardian.
A terme, le dispositif devrait être installé sur l'ensemble de la flotte de véhicules municipaux de la ville. Les caméras pourraient également être utilisées pour détecter les animaux perdus ou les infractions au code la route.
Quid de la vie privée?
Mais quand est-il de la vie privée des habitants de san José? Khaled Tawfik assure "qu'aucune image d'individus n'a été capturée ou conservée par la ville."
"Nous ne détectons personne, nous détectons des emplacements. Les données sont destinées aux services du logement et des parcs de la ville", insiste le directeur du département des technologies de l'information de San José.
La police peut en revanche demander l'accès aux images précédemment stockées par le programme.
Les travailleurs de proximité locaux craignent également que la technologie ne soit utilisée pour punir et expulser les résidents sans logement de San José. Des inquiétudes partagées par les associations de défense des sans-abris.
"Si vous n'avez aucun endroit pour reloger les gens, ce programme est pratiquement inutile", a regretté Thomas Knigh membre exécutif de l'association d'aide aux sans-abris Lived Experience Advisory Board de la Silicon Valley.
En réponse, Khaled Tawfik a précisé que "la capacité à aider directement les sans-abris ne fait pas vraiment partie du projet pilote", tandis que les objectifs de la ville autour de ce projet restent toujours flous.
Aucune date n'a encore été fixée concernant la fin de l'expérimentation. Mais Khaled Tawfik espère que le programme inspirera d'autres villes à suivre le même exemple. Plusieurs communes ont d'ores-et-déjà montré des marques d'intérêt pour le projet.