En guerre contre Instagram depuis la fermeture de son compte, Booba s'attaque à Meta

Se dirige-t-on vers une "jurisprudence Booba"? Déjà en plein combat judiciaire contre l’agente Magali Berdah qui l’accuse de cyberharcèlement - lui, l’accuse de diffamation - le rappeur a aussi entamé un bras de fer avec Meta, maison-mère de Facebook et Instagram.
En cause, la suppression de plusieurs comptes Instagram liés au chanteur et même le bannissement à vie du rappeur, décidé par l’entreprise américaine. Une décision "moyenâgeuse" dénonce auprès de Tech&Co son avocat Me Gilles Vercken.
La première affaire débute le 20 janvier 2020, lorsqu’Instagram décide de suspendre le compte officiel de Booba et ses 4,6 millions d’abonnés. "Une histoire de fesse" se justifie alors ironiquement l’artiste, en référence à la diffusion de vidéos intimes mettant en scène le rappeur Fianso et une femme. Mais pour Instagram, c’est une violation des règles d’usages.
Banissement à vie
Le compte avait finalement fait son retour en février avant d’être à nouveau fermé en décembre de la même année. "Nous avons désormais aussi supprimé de façon permanente @boobaofficial, le compte fan de Booba géré par ses équipes, après qu'il a enfreint ces règles à plusieurs reprises" avait indiqué Meta auprès du HuffPost. Il avait, une nouvelle fois, réglé ses comptes avec ses rivaux.
Booba s’était alors rabattu sur d’autres comptes liés à sa promotion dont @lapiraterieofficial et @OKLM. Mais les deux seront fermés par Meta: en janvier pour le premier, après une injonction en justice réclamée par l’influenceuse Demdem. Le second en juillet 2022: Magali Berdah annonçait avoir obtenu judiciairement la fermeture de ce compte "avec lequel Booba encourageait presque quotidiennement sa meute à agir à mon encontre" selon elle.
Parallèlement, Booba part en justice contre Meta. Et obtient une première victoire en octobre 2022 avec une décision de justice rendant illégale la suppression de son compte Instagram @OKLM.
Une décision de justice que n'a pas souhaité appliquer Meta, qui avait refusé de réactiver le compte. "Le compte OKLM a été désactivé en application de notre politique de récidive et parce que le contenu du compte OKLM avait violé à plusieurs reprises les règles du service Instagram" assurait la plateforme à Tech&Co.
Même conséquence pour le compte @lapiraterieofficial, lorsque le président du tribunal judiciaire de Marseille a reconnu l’injonction de fermeture du compte "nulle et non avenue", faute de débat contradictoire.
"Meta a fermé ses comptes sans que l’on en connaisse la raison et n’applique pas une décision rendue par la justice française" résume Me Gilles Vercken, qui dénonce l'absence totale de dialogue de la part de l'entreprise, auprès de Tech&Co.
Le dossier va désormais prendre une dimension plus large: en juillet, un tribunal devra décider si c’est bien la justice française qui est compétente dans ce dossier ou la justice irlandaise, comme l’affirme Meta (l’entreprise ayant son siège européen à Dublin). Une décision qui tracera, peut-être, les premières lignes d’une jurisprudence sur les responsabilités des réseaux sociaux désormais sommés de se justifier.