"Un lieu unique en son genre": comment un jeu vidéo coréen a reproduit un village médiéval de Dordogne

La pluie tombe sur le château de Beynac, mais la centaine de joueurs venus du monde entier ont déjà la tête dans le ciel bleu, virtuel cette fois-ci, de Black Desert Online. Le mauvais temps de juin n’empêche pas bon nombre d’entre eux de venir participer aux célébrations orchestrées par le développeur Pearl Abyss, à l’occasion du dixième anniversaire de son jeu, baptisé Black Desert Online.
Venu de Corée du Sud, ce jeu en ligne gratuit s’inspire ouvertement des cités médiévales européennes pour bon nombre de ses décors. Parmi eux, Heidel, une cité médiévale qui n’est autre que la réplique virtuelle du village de Beynac et de son superbe château hissé en haut d’une falaise, et dont les remparts surplombent la Dordogne.
Un château refait à l'échelle 1:1
Quasiment à l’identique - les voitures et antennes 4G en moins - les joueurs peuvent retrouver l’ensemble de cette cité.
Pour Beynac, c’est un moyen de faire parler de ce château de plusieurs siècles d’une manière peu commune, comme l’explique Katie Veyret, directrice adjointe à l'office du tourisme de Sarlat, à Tech&Co: "Nous habitons dans la plus belle région du monde, le village de Beynac incarne la vie moyenâgeuse. C'est un honneur d'avoir un grand jeu coréen qui s'inspire de ce château."
"Au tout départ, on ne comprenait pas trop qui ils étaient, et petit à petit, on a appris que le jeu allait recréer cet endroit, on a géré car on était très content qu'ils utilisent la région," se souvient-elle.
"S'y sentir comme à la maison"
Il n’est ainsi pas rare de voir des touristes venus d’Allemagne - population de joueurs très présente dans Black Desert Online - s’y rendre pour une sorte de pèlerinage, mais aussi des Coréens: "Ce ne sont pas des clients qu'on aborde habituellement, c'est un langage particulier de s'adresser aux joueurs, mais on est particulièrement fiers de voir qu'on arrive à leur parler par du patrimoine, ce qui est loin d'être simple" ajoute Katie Veyret.
Black Desert Online se déroule dans un univers médiéval, en tout point identique avec l'ambiance qui règne encore à Beynac: "[Dans Black Desert Online] on a un village, un château, et cette inspiration qui est super," précise Katia Veyret.
Cette manière d’adapter des lieux réels dans un jeu vidéo de fantasy est également au rendez-vous dans la prochaine mise à jour majeure, Land of the Morning Light, qui a prévu d’emmener les joueurs à Séoul, la capitale sud-coréenne, en s’inspirant du folklore local:
"Dans les lieux qui nous inspirent, on souhaite les retranscrire au mieux afin que les joueurs qui les connaissent puissent s'y sentir comme à la maison," explique Jaehee Kim, producteur de Black Desert Online, "Beynac ne fait pas exception, on est très heureux d'inviter les joueurs ici et pouvoir leur faire découvrir un lieu unique en son genre."
Nouveaux récits, des monstres toujours plus puissants à conquérir, ainsi qu’une nouvelle classe, Pearl Abyss a mis les petits plats dans les grands pour à la fois combler les joueurs de longue date de Black Desert Online, mais aussi convaincre ceux qui n’ont pas encore pris part à l’aventure.
"On veut faire les choses bien"
Peu de MMO (jeux multijoueurs) peuvent se targuer aujourd’hui de fonctionner après dix ans. Comme World of Warcraft, Guild Wars 2 ou encore Final Fantasy XIV, Black Desert Online est une anomalie. Ses créateurs ont en revanche une explication: "La direction initiale était de savoir ce que nous allions faire pour en être fiers. Alors nous avons créé Black Desert, mais sans avoir en tête un nombre de joueurs spécifiques. Même aujourd'hui, on veut faire les choses bien pour que nos joueurs apprécient ce à quoi ils jouent," nous révèle Lybee Park, directrice générale de Pearl Abyss Europe.
Puissante entreprise sud-coréenne, par ailleurs cotée en bourse, Pearl Abyss est à la fois un éditeur de jeux populaires en Asie, - les MMO, dont Black Desert Online disponible aussi bien sur PC que sur consoles et mobile - que de jeux qui se destinent à un public plus occidental, comme Crimson Desert qui se présente comme un sérieux concurrent à Monster Hunter. Il y a aussi DokeV, un titre qui s’inspire très largement du concept de Pokémon. Les deux titres ont été reportés à une date indéfinie, mais s’avèrent être "des développement d’envergure", confie à Tech&Co Lybee Park.
"Nous sommes très impatient de présenter à nouveau Crimson Desert car cela fait longtemps qu'on souhaite le montrer, nous espérons vous voir à la GamesCom," ajoute-t-elle.
Pearl Abyss regarde d’ailleurs de très près le marché des consoles, notamment en prévoyant une version spécifique à la Playstation 5 de Black Desert Online. Si la Switch n’a pas eu droit à son portage, cela n’empêche pas l’éditeur-développeur d’observer de près Nintendo, dont la prochaine console ne devrait pas voir le jour avant le début de l’année 2025, au mieux.
"Nous ne nous fixons pas de limites, donc nous sommes constamment à la recherche de nouvelles manières d'intéresser de nouveaux joueurs. Bien sûr, nous considérons toutes les possibilités et toutes les communautés, et nous revons de pouvoir porter nos jeux sur la prochaine console de Nintendo, mais nous ne pouvons rien confirmer pour l'instant," précise Lybee Park.