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Street Fighter, Mortal Kombat, Tekken: comment les jeux de combat passionnent depuis 30 ans

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Après Street Fighter 6 et Mortal Kombat 1 l'an dernier, Tekken 8 vient compléter le retour du trio historique ce 26 janvier. Depuis 30 ans, la cote d'amour des jeux de combat ne se dément pas.

Le combat à trois reprend. Après Street Fighter 6 et Mortal Kombat 1 qui ont signé leur retour l'an dernier, c'est au tour de Tekken 8 de venir rejouer des poings ce 26 janvier.

Les trois franchises stars du jeu de combat des années 1990 ont désormais proposé aux joueurs leur dernière version modernisée, mais aussi, le promettent-elles, un renouveau.

Si on trouve trace de jeu vidéo de combat sur ordinateur dès les années 1970 (Heavyweight Champ en 1976 avec ses boxeurs pixellisés qui se font face), il faut plutôt remonter à la décennie suivante et à l’explosion des salles d’arcade pour voir arriver les premiers véritables combattants. On en trouve alors autour des arts martiaux et de la boxe, dont Street Fighter qui arrive en 1987. Avant lui, Punch Out! avait déjà sévi.

Les années 1990, terreau fertile des jeux de combat

Ce sont les années 1990 qui vont donner ses lettres de noblesse aux jeux beat'em up. À sa sortie en 1991, Street Fighter II est le roi de la salle d’arcade, mais aussi de la console de salon en pleine expansion, et il entraîne à sa suite une litanie de nouveaux jeux de combat (Streets of Rage, TMNT Turtles in Times, Fatal Fury...), plus ou moins bons.

Puis débarque Mortal Kombat (1992) qui choisit de se démarquer en optant pour l’ultra-violence des combats. La difficulté des jeux croît aussi vite que le nombre de titres, notamment pour permettre aux salles d’arcade de faire rester plus longtemps le joueur qui ne supporte pas de perdre.

Il faut attendre l’année 1994 pour voir Tekken débarquer avec la 3D. Katsuhiro Harada, son créateur, veut alors concurrencer Virtua Fighter, le roi du jeu de combat en 3D. “Quand j’ai commencé, l’objectif principal était de rattraper Virtua Fighter”, explique-t-il à Tech&Co.

“Mes collègues m’ont dit qu’il faudrait peut-être 10 ans pour y arriver. À un moment, je me suis dit qu’en 15 ans, nous atteindrions notre objectif et que les choses s’arrêteraient là. Cela fait donc deux fois plus longtemps que je le pensais”, sourit-il.

Et 30 ans plus tard, il s’apprête à lancer Tekken 8 (26 janvier) tandis que Virtua Fighter est sorti des radars depuis 2012, six ans après sa 5e et dernière déclinaison en date. Pour ce nouvel opus, le créateur japonais promet de la nouveauté. “Ce Tekken 8 est l’épisode qui se différencie le plus des autres jeux de la série. Les jeux de combat que vous voyez sur le marché sont principalement en 2D alors que Tekken est un jeu en 3D, cela signifie que les personnages peuvent se déplacer librement sur les niveaux en 3D. C’est très important, car c’est l’un des rares jeux de combat comme ça”, rappelle Harada, comme pour se démarquer d’une concurrence qu’il sait encore forte.

Renouveler sans bouleverser

Street Fighter 6 mise sur des combats de rue aux poings à travers le monde. Mais Mortal Kombat 1 promet des combats dans des environnements assez similaires (certes avec des combats latéraux) et également un mode histoire qu’il veut fort. Dans les têtes des joueurs, le retour au premier plan des stars du fighting s’apparente donc à un nouveau combat entre ténors pour avoir leurs faveurs.

Je crois que les gens ont une sorte de nostalgie,” analyse Ed Boon, créateur de la série Mortal Kombat, auprès de Tech&Co. “Ils ont l’impression de se souvenir de la première fois qu’ils ont joué à Mortal Kombat ou à l’un des jeux précédents. Ils ont aussi cette nostalgie de revivre 30 ans de jeux et de nouveautés. Car nous avons toujours fait des ajouts pour le garder à jour.”

Pour lui, le succès de ces jeux qui ne se dément pas depuis si longtemps s’explique par une forme de transmission vidéoludique. “Beaucoup de joueurs qui ont joué à ce jeu il y a 30 ans sont mariés et ont des enfants maintenant. Ils transmettent, car ils ont apprécié le jeu”, sourit le patron de NetherRealm Studios.

Tekken et Mortal Kombat ont su, à travers le temps, conserver aussi leurs personnages emblématiques comme leur trame: les rivalités entre les familles Mishima et Kazama chez Tekken avec toujours les coups surpuissants au programme; la multitude de personnages dans Mortal Kombat dont l’incontournable Johnny Cage (incarnation de Jean-Claude Van Damme), Liu Kang, Scorpion, Raiden, mais aussi des invités de prestige (Kratos de God of War, Alien, RoboCop, Rambo, Freddy Krueger...). Des personnages qui reviennent d’un jeu à l’autre aussi en écoutant les envies de la communauté et servent de fil rouge.

Garder l'esprit de combat

Mais pour Harada comme Boon, la popularité des jeux tient aussi à leur capacité à se renouveler. “Les joueurs apprécient Mortal Kombat, car nous n’avons pas peur de changer”, argumente Ed Boon. “Mortal Kombat 1 est complètement différent de Mortal Kombat 11 (le précédent titre sorti en 2019, ndlr), avec un nouveau gameplay, une nouvelle histoire et un mode solo enrichi qui va nous distinguer.”

Et Harada d’aller aussi dans ce sens quand il est question de moderniser tout en conservant les fondamentaux. On retrouve dans Tekken 8 les personnages utilisant des arts martiaux, mais aussi des superpouvoirs et des techniques de combats à part, en solo ou en duo. Mais le jeu fera aussi appel à de l’IA pour porter un nouveau gameplay qui sera plus à même de s’adapter à votre façon de combattre.

Et le prochain opus glisse aussi un clin d’œil aux joueurs plus anciens avec le mode solo Arcade Quest. “On a voulu redonner le sentiment de cette culture Arcade et de sa communauté,” confie-t-il. “Cette culture a en quelque sorte disparu en Occident au cours de la dernière décennie. Tellement de personnes n’ont probablement pas eu la chance d’en faire l’expérience. Nous voulions donc leur donner une place dans le jeu, le sentiment de visiter une salle d’arcade japonaise d’antan et de pouvoir se dire : 'Oh, cette situation en particulier, cette communauté de joueurs, je m’en souviens.'”.

Li Mei et Sub-Zero, deux des combattants dans Mortal Kombat 1
Li Mei et Sub-Zero, deux des combattants dans Mortal Kombat 1 © Warner Bros

S’il pouvait changer son tout premier Tekken, Harada n’en ferait finalement rien. “Il y a toujours quelque chose que j’aimerais changer après coup. À l’époque, nous n’avions pas la même technologie et nous ne pouvions pas vraiment faire tout ce que nous rêvions de faire. Mais il ne faut pas y penser et simplement tirer les leçons des précédents pour rendre la suite encore meilleure”, analyse le responsable du projet.

Alors que son Mortal Kombat a souvent joué la carte de l’originalité visuelle (rien qu’avec les Fatalités, visualisation sanguinolente et violente des coups), Ed Boon ferait bien un saut dans le train pour revoir sa copie. “Malgré mes 30 ans d’expérience dans la création de ces jeux, si je revenais en arrière, je les ferais complètement différemment. Mais c’est simplement à cause de l’expérience que j’ai vécue en créant ces jeux pendant si longtemps”, s’amuse à dire celui qui aimerait encore voir sa franchise exister d’ici 30 ans. En l’état, mais en mieux.

Melinda Davan-Soulas