Fin des mises à jour de Windows 10 le 14 octobre prochain: quelles conséquences? Quelles solutions?

La fin mi-octobre des mises à jour de Windows 10, le logiciel d'exploitation de Microsoft, suscite les critiques d'associations et les inquiétudes de nombreux utilisateurs - JUNG YEON-JE © 2019 AFP
Sauf retournement de situation inattendu, Windows 10, qui représente tout de même encore 45,65% des systèmes d'exploitation Microsoft installés dans le monde, selon Statcounter, ne sera plus mis à jour par le géant de Redmond à partir de la mi-octobre. La fin de ce support technique, prévu de longue date, suscite les critiques d'associations et les inquiétudes de nombreux utilisateurs qui craignent de devoir changer leurs ordinateurs tout à fait fonctionnel par ailleurs. Quelles seront les conséquences de cette fin de support?

Que va-t-il se passer le 14 octobre?
A partir du 14 octobre, les ordinateurs fonctionnant avec Windows 10, une version apparue en 2015, cesseront de recevoir des mises à jour de la part de son développeur, Microsoft.
Ces correctifs étaient destinés à "mettre régulièrement à jour le système d'exploitation, car il était devenu la cible de nombreuses cyberattaques", explique à l'AFP Martin Kraemer, spécialiste de la sensibilisation à la sécurité au sein de l'entreprise américaine KnowBe4.
Le système d'exploitation et les ordinateurs seront toujours fonctionnels, mais deviendront alors de potentielles cibles pour des pirates informatiques.
Que conseille Microsoft? Que disent les associations de défense des consommateurs?
Dans une note en ligne, Microsoft a conseillé aux utilisateurs de passer à Windows 11, disponible depuis 2021.
Mais certains ordinateurs ne sont pas compatibles avec cette transition. Le dernier système d'exploitation en date de Microsoft requiert en effet la présence d'un module de sécurité physique dans la machine qu'il anime.
Microsoft propose une formule de mises à jour étendues, au tarif de 30 dollars par liencence et pour une durée d'un an.
Une situation dénoncée par des associations de consommateurs.
Aux États-Unis, l'association Consumer Reports a déploré le fait que "des ordinateurs incapables de faire fonctionner Windows 11 étaient encore disponibles à la vente en 2022 et 2023", et risquent ainsi de devenir obsolètes trois ans après leur achat.
En France, une coalition de 22 associations, menée par Halte à l'obsolescence programmée (HOP) et l'UFC-Que Choisir ont lancé une pétition pour demander des mises à jour gratuites jusqu'en 2030. Elle a déjà plus de 37.000 signatures.
Microsoft reste silencieux, puisqu'il n'a pas répondu à un courrier officiel envoyé par l'association HOP en juin dernier. Sollicité par l'AFP, le géant américain a refusé d'indiquer combien d'utilisateurs seraient concernés.
Selon HOP et Public Interest Research Group (PIRG), une association américaine de défense des consommateurs, jusqu'à 400 millions d'ordinateurs seraient incompatibles avec Windows 11 et ne pourraient donc pas être mis à jour. Selon Consumer Reports, près de 650 millions de personnes à l'échelle mondiale utilisaient Windows 10 au mois d'août.
Quels sont les risques?
Pour les utilisateurs qui ne peuvent pas passer à Windows 11 et qui continueraient à utiliser Windows 10 sans souscrire à l'extension de mises à jour Microsoft, les vulnérabilités face aux cyberattaques vont s'accroître.
"En ne recevant plus les mises à jour, vous n'êtes plus protégés contre les menaces cyber les plus récentes", explique Martin Kraemer.
Si le danger est "très difficile" à quantifier, selon le spécialiste, il est certain que les utilisateurs de Windows 10 deviendront des cibles privilégiées pour les cyberattaquants en quête de failles de sécurité.
Les applications sont aussi concernées, soulève Paddy Harrington, analyste au sein du cabinet américain Forrester.
"Les fournisseurs d'applications comptent sur le fournisseur du système d'exploitation pour assurer certaines fonctionnalités et si celles-ci ne sont pas mises à jour, le fournisseur d'application ne peut pas s'assurer que son application continuera à fonctionner correctement", assure-t-il.
A plus ou moins long terme, les développeurs d'applications vont également cesser de porter leurs programmes sur ce système d'exploitation, privant les utilisateurs de leurs outils quotidiens. Y compris les outils qui servent à sécuriser leur ordinateur.
"Tant que vos applications supportent ce système d'exploitation et que vos outils de gestion et de sécurité le prennent en charge, c'est un bon choix", assure Paddy Harrington.
Quelles options alternatives ?
Interrogés au sujet de l'efficacité de logiciels antivirus, les experts soulignent leur insuffisance face à un système d'exploitation non mis à jour.
"Il y a une limite à la protection qu'ils peuvent offrir (...). C'est bien mieux que de ne rien faire, mais cela devrait être une solution temporaire, le temps de trouver une solution permanente", déclare Paddy Harrington à l'AFP.
Reste la possibilité de changer pour un autre système d'exploitation, en gardant son ordinateur. Des logiciels libres, tels que Gnu/Linux, peuvent ainsi être utilisés, mais nécessitent d'être installés par l'utilisateur. Certaines distributions sont désormais très faciles d'accès.
En définitive, cette fin de support pose deux problèmes majeurs. Le premier est d'ordre économique et impose aux utilisateurs d'investir à nouveau dans un ordinateur alors que leur machine actuelle est pleinement fonctionnelle. Le second est d'ordre écologique, outre les machines qu'il faudra recycler, il faut également prendre en compte toutes les matières premières nécessaires à la fabrication des nouveaux ordinateurs. Dans le cadre de sa pétition, HOP estime que cela représentera pas moins de "70 millions de tonnes de gaz à effet de serre" émises, ou l’équivalent de "32.000 tours Eiffel en matières premières extraites"…
Une catastrophe écologique injustifiée qui pourrait être évitée si Microsoft revient sur sa décision et poursuit la mise à disposition de mises à jour gratuites de Windows 10 jusqu'en 2030.