"Du charabia": Meta AI accusé d'avoir utilisé des données erronées pour son IA sur le climat

En 2024, Meta avait suscité l'espoir en présentant un outil basé sur son IA dédiée au climat et qui permettait, selon l'entreprise, d'éliminer efficacement le dioxyde de carbone dans l'air. Elle avait même été jusqu'à décrire cette découverte de "révolutionnaire".
Mais dans une enquête du Financial Times, des chercheurs de l'université Heriot-Watt située à Lausanne expliquent que Meta a finalement raconté n'importe quoi.
Du "charabia" diffusé par Meta
Ils en ont pour preuve qu'aucun des 135 matériaux cités dans les travaux de Meta ne permettaient d'arriver à un tel résultat, et même que certains n'existaient tout simplement pas.
"J'aurais souhaité qu'il calculent un peu moins et réfléchissent un peu plus," a même déclaré Berend Smit, professeur de génie chimique, qui considère les résultats obtenus comme "du charabia".
L'étude de Meta avait pourtant suscité beaucoup d'espoir. La capture de CO2 pour éviter qu'il ne s'accumule dans l'air est une manière encore contestée de lutter contre le dérèglement climatique. Elle n'a, en effet, pas encore fait ses preuves, notamment sur le plan énergétique. Meta n'est pas la seule entreprise à travailler sur le sujet: Microsoft a aussi déployé de vastes investissements afin d'un jour produire une IA générative moins coûteuse pour l'environnement.
Ces deux entreprises cherchent aussi à "racheter" des crédits de CO2 à d'autres gros pollueurs grâce à des techniques qu'elles tentent de développer.
Selon les chercheurs, les travaux de Meta pèchent par un excès de confiance dans la manière dont ils ont été réalisés. Le géant des réseaux sociaux avait indiqué qu'il avait utilisé l'intelligence artificielle pour compiler des données en moins de temps qu'un laboratoire de calcul composé d'humains.
La capture de CO2 loin d'être viable
Mais lorsque ces mêmes humains ont tenté de reproduire les résultats obtenus par Meta, il est apparu qu'elle avait surestimé les capacités de liens entre les matériaux cités et le CO2. Ses outils d'IA utilisés ne seraient, par ailleurs, pas en capacité de traiter correctement les données.
Pire encore: certains calculs "correspondent à des structures invraisemblables ou hautement instables."
Meta a répondu au Financial Times, expliquant que ses données étaient basées sur "des calculs valides et utiles pour entraîner ses grands modèles de langage". L'entreprise a néanmoins ajouté avoir "toujours cru en l'open source" - les données ont été distribuées de cette manière, car cela permettait "la collaboration et l'innovation". En l'occurrence, l'open source a ici permis de débunker ses propres travaux.
Elle a également précisé que les matériaux identifiés dans son étude étaient "prometteurs et méritaient une enquête plus approfondie". Reste à savoir s'ils existent vraiment.
Si les experts du Giec, le groupe indépendant de scientifiques internationaux se focalisant sur le climat, ne sont pas fermés à la captation de CO2, ils avaient néanmoins estimé que cette technologie serait très coûteuse, en argent comme en énergie. Ils avaient, en outre, ajouté que cela ne devait pas être vu comme une solution viable à grande échelle, faute de résultats concluants à ce stade.