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États-Unis: une intelligence artificielle est parvenue à prédire des crimes avec 90% d'efficacité

Un cordon de police aux Etats-Unis

Un cordon de police aux Etats-Unis - SCOTT OLSON © 2019 AFP

De chercheurs de l'Université de Chicago ont mis au point un algorithme ayant deux fonctions: prédire les crimes et révéler des biais dans les interventions policières aux États-Unis.

Des chercheurs de l'Université de Chicago ont créé une intelligence artificielle capable de prédire les lieux et dates de crimes dans plusieurs villes américaines. Elle a atteint un taux de succès de 90%, d'après les auteurs.

Pour créer un modèle prédictif, le logiciel s'est "entraîné" sur des données liées aux crimes dans la ville de Chicago (Etats-Unis), compilées entre 2014 et 2016. Elle a ensuite prédit de façon rétroactive les crimes perpetués lors des semaines suivantes.

L'article, paru le 30 juin dans la revue scientifique Nature, indique que la précision de la localisation se fait dans une zone de 300 mètres et avec une semaine d'avance. La ville de Chicago n'est pas la seule concernée: sept autres grandes villes ont aussi été objet de l'exercice.

Pour lutter contre les biais discriminatoires des algorithmes, désormais reconnus par les différents acteurs du secteur, l'intelligence artificielle n'identifie pas de potentiels suspects mais seulement des endroits potentiels où pourraient avoir lieu des crimes.

Lutte contre les biais

Le but de ces recherches n'est pas seulement de créer un outil de prévention de la criminalité. Il doit également optimiser l'évolution des interventions policières. En effet, les travaux de ces chercheurs ont mis en lumière une protection policière amoindrie dans certains quartiers pauvres de plusieurs grandes villes, dont Chicago et Los Angeles.

Le rapport met notamment en avant un nombre d'arrestations accru dans les quartiers les plus aisés par rapport aux quartiers pauvres, à période et durée d'études égales.

"Ce n'est pas Minority Report", temporise le professeur Ishanu Chattopadhyay, à la tête de l'équipe de chercheurs. "Les ressources des forces de l'ordre ne sont pas infinies. Elles doivent donc être utilisées de manière optimale. Cela serait idéal de savoir où les homicides risquent de se produire", indique-t-il auprès du magazine scientifique New Scientist.

Le groupe de chercheurs a par ailleurs rendu ses données publiques, au même titre que son logiciel, pour qu'elles puissent être analysées par d'autres spécialistes. Une façon aussi de faire toute la transparence sur leur algorithme, laissant à tous la possibilité de détecter et signaler d'éventuels biais.

"Plutôt que de simplement accroître le pouvoir d'un État en prédisant les crimes en lieu et date, nos outils permettent de vérifier si l'application de la loi souffre de biais, et de mieux comprendre les processus selon lesquels les services de police évoluent dans l'espace urbain", précise le professeur Chattopadhyay.

Toujours est-il que les algorithmes ont mauvaise presse auprès des défenseurs de la vie privée. En cause, leur utilisation souvent abusive et émaillée de biais discriminatoires. Les chercheurs en question semblent toutefois conscients de ces biais, et déclarent avant tout avoir pour objectif de les mettre en lumière pour mieux les supprimer.

Victoria Beurnez