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Des voitures intelligentes sillonnent l'est Parisien pour évaluer l'état des routes

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Les véhicules de l'entreprise Cyclomedia sont dotés de capteurs électroniques et de cinq caméras. Les images fournies sont couplées à des données géospatiales, permettant à un algorithme d'évaluer l'état de la chaussée.

Pour détecter les défauts sur la chaussée, certaines communes font appel... à des voitures intelligentes. C'est le cas des treize villes de l'intercommunalité Paris-Est - Marne et Bois qui font désormais appel au service de l'entreprise néerlandaise Cyclomedia, comme le rapporte Le Parisien.

Les 82 SUV de la société sont équipés de capteurs électroniques et de cinq caméras filmant la route à 360 degrés. Les images capturées sont couplées avec des données géospatiales issues de satellites. Les obstacles détectés autour du véhicule créent un nuage de points, ce qui génère une réplique numérique de l'environnement parcouru.

Moins de deux mois pour un diagnostic complet

Ensuite, c'est l'intelligence artificielle qui entre en jeu. Un algorithme identifie automatiquement les détériorations de la chaussée, les catégorise et les évalue selon leur gravité et leur taille. Chaque segment est évalué sur une échelle de 1 à 10 en fonction de son état. Les routes nécessitant une intervention urgente sont indiquées en rouge sur une carte.

L'entreprise explique qu'il faut moins de deux mois pour fournir un diagnostic complet de l'état de surface de la chaussée. Sa technologie permet de détecter des dégradations d'une taille de moins de 10 centimètres.

"Grâce à ce système de détection automatique, nos services techniques de gestion de la voirie n’ont plus besoin de sillonner l’ensemble du réseau routier pour repérer visuellement les dégradations", explique Didier Halter, dans les colonnes du Parisien. Le directeur des projets numériques mutualisés de l'intercommunalité y rappelle que jusqu'à présent les agents notaient sur un post-it les endroits où une intervention était nécessaire.

"Désormais, ils pourront planifier à l’avance, depuis leur bureau, les travaux à réaliser en urgence dans les zones les plus fragilisées. On passe de l’âge de pierre au troisième millénaire", soulève-t-il.

Responsable d'un tiers des accidents mortels

"Dans un contexte de décentralisation progressive du réseau routier national, la responsabilité de l’entretien des routes incombe désormais aux collectivités territoriales, qui ne disposent souvent ni des moyens financiers, techniques et humains nécessaires pour aller inspecter visuellement leur réseau sur le terrain", indique Arnaud Le Régent, directeur commercial France de l’entreprise auprès du Parisien.

Pourquoi l'état de nos routes se dégrade - 17/04
Pourquoi l'état de nos routes se dégrade - 17/04
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Depuis plusieurs années, le réseau routier français se dégrade en raison du manque de moyen, d'une gestion parfois aléatoire des travaux de réparation. Selon le rapport 2021 de l’Observatoire national de la route, près de 20% des routes sont en mauvais état. Certains experts estiment que le facteur infrastructure est mis en cause dans un tiers des accidents mortels.

Ainsi externaliser l'évaluation des routes apparaît comme un gain de temps et d'argent pour mieux faire face à cette problématique.

"Ils (les services techniques des villes, NDLR) restent les chefs d’orchestre des travaux mais pourront ainsi planifier plus rapidement les interventions sans attendre que les habitants nous signalent un problème" remarque Didier Halter.

Selon un rapport de la Cour des comptes publié le 10 mars 2022, seulement 40% des départements avaient mené une campagne d'évaluation complète de leurs chaussées. "Il est difficile de juger de l’état actuel de ce patrimoine, mais son entretien et son exploitation restent encore trop souvent des variables d’ajustement en fonction de la situation financière ou d’autres priorités d’investissement", observaient les Sages de la rue Cambon.

Théodore Laurent