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Faux sites, pseudo-médias… comment la propagande anti-Ukraine a inondé le Web

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Trois ans après le début de l'invasion russe, les opérations de propagandes en faveur du Kremlin se multiplient sur les réseaux sociaux, mais avec une portée limitée.

Vous êtes peut-être déjà tombé sur des publications sur les réseaux sociaux annonçant des révélations aussi improbables que fausses de la part de différentes personnalités détournant des grands médias. Des publications de plus en plus présentes et qui sont aussi dans le viseur des autorités françaises

Ces faux sites sont, pour nombre d'entre eux, opérés depuis la Russie, révèle un rapport de Viginum, le service de vigilance et protection contre les ingérences numériques. Celui-ci fait état des manipulations de la part de forces pro-russes dans l'objectif de décrédibiliser l'Ukraine et ses alliés, mais aussi de défendre ce qui est considéré de l'autre côté de l'Oural comme une "opération spéciale".

Un message pro-Kremlin avec peu d'impact

Pour ce faire, tous les moyens sont bons, allant de la création de faux sites d'information à l'instrumentalisation de certains meneurs de la société civile, mais également de partis politiques. Par ailleurs, le rapport fait état "d'amplifications" de certaines actualités dans l'unique but de créer la discorde.

Sur les réseaux sociaux, la propagande russe est également présente, notamment en créant de faux comptes qui n'ont qu'un but: animer des débats sur les plateformes afin de "justifier et soutenir" la guerre menée par la Russie.

Pour faire passer ses messages, les faussaires opèrent sur plusieurs territoires: en Ukraine, d'abord, où des chaînes pro-Kremlin ont été créées. Vient ensuite l'Europe, via les réseaux sociaux et de faux médias - les deux chaînes pro-russes, Spoutnik et RT France ont été interdites de diffusion. Puis l'Afrique, où la Russie peut compter sur certains régimes pour s'installer et tenter de convaincre la population locale des méfaits de la France ou d'autres pays occidentaux.

Le rapport explique les différentes étapes de la désinformation russe. La première consiste à usurper l'identité de grands médias nationaux ou européens et d'y concevoir des articles en faveur de l'opération spéciale et critiquant l'Ukraine et l'attitude européenne.

La seconde doit permettre ensuite de rendre ces articles viraux, notamment en postant des liens sur les réseaux sociaux, en utilisant les outils à disposition, comme les tendances. Des pseudo-sites, qui n'ont en apparence aucune visée politique, finissent par publier des articles sur le site, en faveur de la Russie.

Le réseau publicitaire des plateformes visé

Malgré l'évidence de certaines opérations, régulièrement dénoncées par les autorités européennes comme par les utilisateurs eux-mêmes, la propagande pro-russe use alors de stratagèmes pour contourner les garde-fous.

La Viginum ajoute d'ailleurs que ces techniques commencent à être répliquées sur Bluesky, concurrent de X: "L'objectif de cette campagne reste de décrédibiliser et de saturer les capacités d'investigation des médias, des personnalités et des cellules de fact-checking ciblés, tout en espérant que certains de ces contenus pro-russes atteignent une large audience".

Ce qui ressort du rapport, c'est aussi que la plupart des actions sur les réseaux sociaux de la part de la propagande pro-russe a un impact "très limité": "Le succès de certaines de [ces] opérations repose surtout sur l'attention médiatique qui a pu leur être accordées."

Ces opérations, elles sont nombreuses. La plus récente, ajoute la Viginum, est celle consistant à dénigrer la France sur le continent africain. Pour ce faire, la Russie a exploité de faux comptes sur X et Facebook et ciblant la disporas africaine présente dans l'Hexagone.

Via des publications sponsorisées, il est question d'immigrés africains envoyés sur le front ukrainien par la France. La Viginum précise néanmoins que si cette campagne a été relancée en début d'année 2025, sa portée reste là encore limitée. Mais cela montre surtout la porosité problématique de certains réseaux sociaux face à d'évidentes fausses informations.

Sylvain Trinel