Canal+ claque la porte des négociations avec la filière cinéma

Maxime Saada, président du directoire de Canal+ a adressé un courrier aux organisations professionnelles du cinéma (BLIC, BLOC et ARP), où il annonce la fin des discussions actuelles. - Eric Piermont-AFP
Le patron de Canal+ Maxime Saada a adressé un courrier aux organisations professionnelles du cinéma, où il signifie la fin des discussions actuelles sur la reconduction d'accords de financement de la filière par la chaîne qu'il dirige. Il déplore "une logique unilatérale qui finit par s'exercer au détriment des intérêts propres de Canal+". Ce courrier, révélé par la publication spécialisée Satellifax, a été confirmé ce mercredi par la chaîne cryptée.
La rupture de ces discussions entraîne la suspension d'un accord portant sur la réforme de la "chronologie des médias", qui encadre en France l'exploitation successive des films dans les cinémas, en DVD, à la télévision et sur les plateformes de streaming, duraient depuis des mois.
Les discussions bloquent sur la reconduction d'accords de financement
Si les différents acteurs de la filière avaient approuvé une réduction des délais entre la sortie d'un film en salles et sa diffusion sur les autres supports, les discussions coinçaient sur la reconduction des accords de financement liant les groupes Canal+ et Orange, deux poids lourds de la télévision payante, à la filière cinéma.
Dans son courrier, Maxime Saada explique que "le modèle économique du groupe a été totalement revu", avec le lancement de nouvelles offres d'abonnement, et estime avoir fait pour la filière cinéma de "très nombreuses concessions", "systématiquement unilatérales", avec "une absence quasi-totale de bénéfices" pour Canal+. Il déplore que les chaînes gratuites aient obtenu un changement dans la chronologie des médias "sans aucune contrepartie au bénéfice du cinéma".
Le ministre de la Culture reprendra-t-il le sujet en main?
L'accord actuellement en vigueur arrive à échéance fin 2019 et Canal+ souhaite ouvrir une "nouvelle phase de négociations". La filiale de Vivendi est le premier financeur privé du cinéma français (un peu plus de 170 millions d'euros l'an dernier, selon le CNC) mais sa contribution, liée à son chiffre d'affaires, est en baisse ces dernières années.
Le nouveau ministre de la Culture Franck Riester, invité mardi 23 octobre sur France Inter, a estimé qu'"on ne peut pas, en France, ne pas faire évoluer le cadre réglementaire de la chronologie des médias". Si les acteurs "ne devaient pas être en capacité de prendre leurs responsabilités, la loi pourra trancher ce sujet-là", a-t-il prévenu.