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Avortement: les applications de suivi de règles vont mieux protéger les données des utilisatrices

Une manifestante en faveur du droit à l'avortement devant la Cour suprême, à Washington, le 5 mai 2022.

Une manifestante en faveur du droit à l'avortement devant la Cour suprême, à Washington, le 5 mai 2022. - Timothy A. Clary

Ces appli redoutent que les données collectées puissent être utilisées contre leurs utilisatrices dans des affaires d'avortement, qui n'est plus reconnu comme un droit fédéral aux Etats-Unis.

Alors que le recours à l'avortement n'est plus considéré comme un droit constitutionnel aux Etats-Unis suite à une décision de la Cour suprême, plusieurs applications de suivi de cycles menstruels ont annoncé vouloir renforcer la protection des données personnelles collectées, a repéré le Wall Street Journal.

Les applications redoutent que les données récoltées - éminemment sensibles et personnelles - puissent être utilisées à l'encontre de leurs utilisatrices qui souhaiteraient avorter dans les états américains où cet acte médical sera prohibé.

"L'importance des données menstruelles n'est pas simplement spéculative. Elle a déjà été pertinente pour le gouvernement dans le cadre d'enquêtes", souligne auprès du Wall Street Journal Leah Fowler, directrice de recherche au Health Law and Policy Institute à l'Université de Houston.

La directrice cite notamment l'exemple d'audiences où les procureurs ont obtenu des feuilles de calcul de patientes ayant subi un avortement, qui comprenait les dates de leurs dernières règles, mais aussi des historiques de recherche sur Internet ou des échanges de messages comme preuves.

Chiffrement de bout-en-bout

C'est pourquoi Natural Cycles, première appli du genre à avoir été autorisée par la Food and Drug Administration (l'agence fédérale des produits alimentaires et des médicaments), a annoncé sur Twitter vouloir "créer une expérience totalement anonyme pour les utilisatrices. Le but est que personne - pas même nous - ne puisse identifier des utilisateurs".

Stardust, une application similaire, a annoncé via TikTok le déploiement du chiffrement de bout-en-bout des données à compter de ce mardi.

Cela signifie que "si nous sommes assignés à comparaître par le gouvernement, nous ne serons pas en mesure de fournir vos données de suivi de vos règles. Celles-ci seront complètement anonymisées par rapport à vos données de connexion. Nous ne pourrons pas les consulter. Vous serez la seule personne à pouvoir les voir", explique dans la vidéo Rachel Moranis, fondatrice de Stardust.

Sans donner davantage de détails, la très populaire application Flo a de son côté annoncé le lancement prochainement d'un mode "anonyme" pour permettre à leurs utilisatrices de retirer des informations personnelles.

Facebook et Google aussi interpellés

Au-delà des applications de suivi de règles, les grandes plateformes telles que Facebook et Google ont été appelées par des élus démocrates et des associations de défense des droits humains à mieux protéger les données personnelles.

Car certaines lois adoptées avant même l'arrêt de la Cour suprême, comme au Texas en septembre, encouragent de simples citoyens à lancer des poursuites contre des femmes soupçonnées d'avoir avorté ou des personnes les ayant aidées, comme un chauffeur qui les aurait emmenées à la clinique, par exemple.

Anaïs Cherif