Le Twitter chinois épingle les utilisateurs qui font du "pessimisme" économique

Des utilisateurs de Weibo, un très populaire réseau social chinois ont indiqué, vendredi 15 décembre, avoir été mis en garde contre la publication de vues "pessimistes" sur la santé de l'économie chinoise, un sujet de plus en plus sensible politiquement.
La Chine fait face à une faible consommation intérieure, un chômage élevé chez les jeunes et une crise dans l'immobilier, les principaux dirigeants estimant cette semaine qu'elle doit encore surmonter "difficultés et défis" pour relancer son économie.
Des utilisateurs grondés
Plusieurs utilisateurs ont indiqué à l'AFP que le réseau social Weibo leur avait envoyé des messages leur demandant de "faire attention à l'intensité de leur discours et de ne pas publier de propos pessimistes sur l'économie".
Un économiste chinois, qui compte plus de 9 millions d'abonnés sur cette plateforme similaire à X (anciennement Twitter) a déclaré à l'AFP avoir "reçu ce genre de rappel à deux reprises ces derniers jours".
Et cela, dit-il, alors qu'il publie pourtant des messages optimistes quant aux perspectives de l'économie chinoise.
Un éditorialiste du journal économique britannique Financial Times, Jeff Li, a publié jeudi sur son compte X une copie d'écran avec les mêmes avertissements.
"Faux récits fabriqués"
De son côté, le ministère de la sécurité d'Etat a accusé vendredi "certaines personnes aux desseins inavoués" d'utiliser de "faux récits fabriqués et malveillants" pour nuire à l'économie chinoise.
"Leur véritable objectif est de perturber les attentes et la bonne marche du marché ainsi que d'entraver la dynamique positive de l'économie chinoise", a-t-il indiqué dans un communiqué publié sur le réseau social WeChat.
Les médias chinois sont soumis à un étroit contrôle de l'Etat. La censure est quant à elle souvent utilisée par les plateformes de réseaux sociaux afin de supprimer les contenus jugés trop négatifs ou trop sensibles politiquement.
Un éditorialiste banni
Un influent éditorialiste économique chinois, qui avait notamment comparé les difficultés économiques actuelles du pays à la crise de 1929, a été banni de Weibo en juin. La plateforme l'avait accusé d'avoir "monté en épingle" le taux de chômage.
La Chine a publié pour la dernière fois le chiffre officiel du chômage pour les jeunes (16-24 ans) en juin, lorsqu'il s'élevait à 21,3%. Cette statistique n'est plus rendue publique depuis.
Sollicité par l'AFP à propos des avertissements envoyés ces derniers jours, Weibo n'avait pas répondu dans l'immédiat.