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Le député Arthur Delaporte accuse l'influenceuse Ophenya de "pratiques sectaires"

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Le député socialiste Arthur Delaporte a accusé mardi 9 avril l'influenceuse Ophenya d'exercer une "emprise" sur ses abonnés, évoquant de possibles "pratiques sectaires". La Miviludes a reçu des signalements concernant la tiktokeuse, qui sont en cours de traitement.

Invitée à l'Assemblée nationale il y a quelques semaines, elle est désormais accusée dans l'hémicycle de "pratiques sectaires". Le député PS Arthur Delaporte a affirmé ce mardi 9 avril avoir reçu des signalements pointant de possibles dérives sectaires de la part de l'influenceuse Ophenya.

Il s'exprimait à l'Assemblée nationale dans le cadre de l'examen du projet de loi visant à renforcer la lutte contre les dérives sectaires, définitivement adoptée mardi. Le député, qui a porté en 2023, avec Stéphane Vojetta, la loi qui encadre les influenceurs, dénonçait les "nombreux" exemples de "pratiques sectaires sur les réseaux sociaux". Il a alors cité le cas d'Ophenya (4,9 millions d'abonnés sur TikTok, 735.000 sur Instagram...).

"On me signale régulièrement l'emprise qu'elle peut avoir sur sa communauté très jeune. Des collégiennes, des collégiens, des femmes, des 'Bgnyas' qui peuvent avoir des comportements dévastateurs pour l'estime et la confiance de soi", a déclaré le porte-parole des députés socialistes.

Les "Bgnyas", le nom donné aux membres de la communauté d'Ophenya, contraction de "bg", pour "beaux gosses" et du pseudo de l'influenceuse. "Dons de cadeaux sur TikTok, présence compulsive sur les réseaux sociaux de l'influenceuse à des amplitudes horaires très larges, du petit-déjeuner au soir, sentiment d'appartenance exacerbé, comportement de meute envers les fans qui quitteraient la communauté... Bref, un cocktail explosif", a énuméré Arthur Delaporte.

Une très grande proximité avec sa communauté

L'influenceuse, au contenu plutôt axé lifestyle, a débuté en 2020 sur TikTok en donnant des conseils sur les relations amoureuses. Au fur et à mesure, Ophenya a créé des liens très fusionnels avec une communauté composée de beaucoup de jeunes mineures, comme le montrent les photos et vidéos qu'elle publie de ses rencontres avec ses abonnées.

Pour Audrey, qui tient le compte Instagram Vos stars en réalité, sur lequel elle alerte sur les dérives des influenceurs, ces liens relèvent de la "dépendance". Une proximité qu'Ophenya entretient en "touchant à la sphère émotionnelle" de ces jeunes filles, abordant régulièrement des sujets très lourds sur la santé mentale, comme le suicide, d'après Audrey.

Celle-ci souligne aussi auprès de BFMTV.com que la créatrice nourrit des relations avec ses abonnés bien plus intenses que les autres influenceurs, en échangeant régulièrement avec eux par messages privés et en organisant souvent des rencontres physiques avec eux.

"Peu importe ce qu'elle dit, c'est la parole d'évangile, ses abonnées la suivent aveuglément", quitte à aller s'en prendre en masse aux personnes qui la critiquent, affirme Audrey.

Auprès du Parisien, Ophenya a rejeté fin mars toute dérive de ce type: "un engagement profond n’est pas synonyme d’engagement sectaire", a-t-elle assuré. Contactée par BFMTV.com, l'influenceuse n'avait pas répondu à nos sollicitations ce vendredi.

Invitée par le gouvernement en novembre

En 2023, elle s'est engagée contre le harcèlement scolaire en créant un signe de lutte contre ce phénomène. Un combat qui l'a menée à être invitée à l'Assemblée nationale en février, lors d'un colloque organisé par le Service national universel (SNU), un programme mis en place par le gouvernement pour les 15-17 ans.

Ophélie de son vrai nom a également été conviée en novembre par le ministère de l'Éducation nationale à un événement contre le harcèlement scolaire. On peut la voir poser avec Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale, sur plusieurs photos publiées par celui qui est devenu Premier ministre.

"Malheureusement, le gouvernement l'a reconnue comme une des vigies dans sa lutte contre le harcèlement scolaire", a regretté Arthur Delaporte mardi.

Il y a quelques mois, la créatrice de contenus avait déjà été au cœur d'une polémique pour avoir fait la promotion de Crush, une application de mise en relation de personnes âgées de 10 à 21 ans. Beaucoup avaient alors souligné le risque de mettre en lien facilement des pédocriminels et des personnes mineures.

De son côté, la créatrice avait défendu un "outil de lutte contre l'exclusion scolaire" et demandé au créateur de l'application d'apporter "toutes les modifications permettant d'éluder" ses risques.

La créatrice intéresse désormais les autorités. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre des dérives sectaires (Miviludes) indique ainsi à BFMTV.com avoir reçu des signalements concernant Ophenya, qui sont en cours de traitement.

Sophie Cazaux