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"Il faut que ça ait une fin": Aurore Bergé hausse le ton face aux contenus violents sur les réseaux sociaux

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Lors d'une réunion, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes a rappelé à l'ordre les plateformes comme Meta, Tiktok ou X concernant la modération des contenus violents.

Une ambiance tendue. Ce lundi 2 juin s'est tenue la réunion entre les responsables de réseaux sociaux et le gouvernement. En présence de la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé, de la ministre déléguée chargée du Numérique Clara Chappaz et de plusieurs autorités, ces derniers ont été sommés de répondre sur leur obligation de modération concernant les contenus haineux.

Des contenus qui "déstructurent les plus jeunes et qui ensuite, ont des conséquences dans la vie réelle", a déploré Aurore Bergé au micro de BFMTV. Dans le viseur figurent Meta, Snapchat, Tiktok, Twitch, Youtube et X face au cyberharcèlement, aux propos antisémites et racistes, aux discours masculinistes et autres contenus violents publiés sur leurs plateformes.

Le besoin de règles claires

Lors de cette réunion, Aurore Bergé les a rappelé à l'ordre concernant leurs obligations en termes de modération.

"On leur a rappelé à la fois le cadre légal qui est le leur et qui doit être extrêmement clair sur la capacité à bannir des utilisateurs (...) qui seraient contraires au cadre légal qui est celui de la France et de l'Union européenne", a-t-elle déclaré, faisant référence à la loi sur les services numériques.

En vigueur depuis le 25 août 2023, ce règlement oblige notamment les grandes plateformes du web à lutter efficacement contre les contenus problématiques, faute de quoi elles peuvent se voir infliger des amendes pouvant aller jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires.

Ces règles claires "seront adressées cette semaine et elles seront précisées aussi dans les conditions générales d'utilisation de ces sites parce que c'est normalement la règle", a fait savoir Aurore Bergé. La ministre déplore en effet que les règles des réseaux sociaux soient insuffisamment claires actuellement, soulignant que lors de la réunion, des responsables étaient incapables de dire à partir de combien d'infractions un utilisateur pouvait être banni tandis que d'autres ne pouvaient pas répondre directement et ont dû consulter leurs équipes.

"Il y a ce qui doit être supprimé immédiatement, banni immédiatement (pédocriminalité, apologie du terrorisme...), mais le reste ne devrait pas être discuté comme si après un premier contenu haineux, vous aviez droit à une deuxième chance et à une troisième chance", a-t-elle rappelé.

"Un sujet de priorité nationale"

Aurore Bergé a en outre demandé aux réseaux sociaux de travailler de façon plus coordonnée entre elles afin qu'un utilisateur banni sur une plateforme le soit aussi sur les autres. "On le voit: quand un utilisateur est banni d'une plateforme (...) il se remet le lendemain sur une autre plateforme. Et donc malheureusement, ça peut être sans fin. Et il faut que ça ait une fin, il faut que des comptes particulièrement problématiques suivis par des millions et des millions de personnes parfois ou des vidéos vues par des millions d'utilisateurs cessent", a-t-elle affirmé.

Pour la ministre, il s'agit d'"un sujet de priorité nationale dans la protection des jeunes publics", mais aussi "dans la diffusion de valeurs qui sont absolument essentielles", notamment la lutte contre toutes les formes de haine.

Elle a ainsi prévenu les plateformes que si elles ne changeaient pas, la loi sera changée, rappelant que cet engagement a été pris par Emmanuel Macron lorsqu'il a parlé d'une majorité numérique à 15 ans.

Cette réunion sera suivie d'une autre, qui se tiendra avant la mi-juillet, a révélé Aurore Bergé. L'objectif de celle-ci sera de vérifier les engagements des plateformes et "si les utilisateurs particulièrement problématiques qui leur ont été signalés (...) seront oui ou non bannis et sur quels critères", a expliqué celle qui a fait bannir l'influenceur AD Laurent de Tiktok en mai.

Elle a en outre fait savoir que toutes les vidéos des utilisateurs problématiques relevés par le gouvernement ont été transmises à la plateforme de signalement de contenus illicites en ligne Pharos. "Je me réserve le droit de demander à nos administrations des signalements au procureur de la République", parce qu'en plus de la responsabilité des plateformes, "il y a évidemment la responsabilité des individus qui publient ces contenus, qui valorisent ces contenus et qui même monétisent ces contenus de violence et de haine", a mis en garde Aurore Bergé.

Kesso Diallo