En Australie, les mineurs contournent trop facilement la limite d'âge des réseaux sociaux

En théorie, les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans. Pourtant, nombre d'enfants en dessous de cet âge parviennent à y accéder, notamment en Australie. Selon un rapport de l'autorité de régulation du numérique eSafety publié ce jeudi 20 février, 80% des 8-12 ans en ont utilisé au moins un l'année dernière.
"Cela suggère qu'environ 1,3 million d'enfants australiens âgés de 8 à 12 ans pourraient avoir utilisé les réseaux sociaux, ce qui met en évidence des violations potentielles généralisées des politiques relatives à l'âge minimum", alerte le régulateur.
D'après ce rapport, qui combine les résultats d'une enquête nationale sur l'utilisation de ces plateformes par les enfants de 8 à 15 ans et les informations fournies directement à eSafety par celles-ci, 54% y ont accédé via le compte de leurs parents ou tuteurs et 36% y ont créé leur propre compte, dont la majorité avec l'aide de leurs parents.
Auto-déclaration
Dans le détail, les moins de 13 ans sont plus nombreux sur Youtube (68% des enfants interrogés), qui est le seul réseau social à autoriser l'accès à ces derniers lorsqu'ils sont rattachés à un compte familial sous la supervision de leurs parents. Viennent ensuite Tiktok (31%), Snapchat (19%) et Instagram (13%).
Ils ont pu accéder à ces plateformes car celles-ci ne requièrent qu'une auto-déclaration de l'âge lors de l'inscription, ce que déplore eSafety. "Peu d'entre elles ont mis en place des mesures vraiment rigoureuses pour déterminer l'âge avec précision au moment de l'inscription, de sorte que rien n'empêche un jeune de 14 ans, par exemple, d'entrer un faux âge ou une fausse date de naissance et de créer un compte adulte sans restriction", a reproché la commissaire du régulateur, Julie Inman Grant.
Conséquence de cela: les réseaux sociaux sous-estiment le nombre d'utilisateurs actifs mensuels mineurs, et surtout ceux qui ont moins de 16 ans par rapport à la réalité, alors qu'une loi interdisant leur accès à ces derniers entrera en vigueur à la fin de l'année.
"Même s'il est probable que les chiffres réels soient sous-estimés, il s'agit tout de même d'un grand nombre d'enfants", a souligné Julie Inman Grant.
À titre d'exemple, sur les 8,3 millions d'utilisateurs mensuels actifs sur Snapchat, près de 440.000 ont entre 13 et 15 ans. Un chiffre qui s'élève à environ 200.000, sur près de 10 millions d'utilisateurs, sur Tiktok.
Face à ce problème, l'eSafety prévoit de consulter "le secteur et d'autres parties prenantes" concernant les mesures que les réseaux sociaux devraient mettre en place pour respecter les exigences relatives à l'âge minimum sur leurs plateformes.