Comment Matignon veut scruter les réseaux sociaux pour "prendre le pouls" des Français

Matignon veut poursuivre sa veille numérique. Le Service d’information du gouvernement (SIG), en charge de la communication de l'exécutif, a publié un appel d'offre pour le début d'année 2025, relève le média l'Informé. Dans les faits, il s'agit du renouvellement d'un marché public déjà attribué il y a quatre ans, dans le but de trouver des prestataires chargés de scruter les réseaux sociaux.
Jusque-là, des entreprises comme Visibrain, Talkwalker et Newswhip étaient ainsi chargées de faire remonter les publications des Français sur les principaux réseaux sociaux comme Twitter, Instagram ou Tiktok. Le but: analyser des millions de publications pour mieux comprendre les sujets de préoccupation qui émergent. Le budget est toutefois en forte hausse: de 2,8 millions sur quatre ans, il passe désormais à plus de 5 millions d'euros.
"Outils complémentaires aux études d'opinion"
Auprès de Tech&Co, le SIG précise qu'il s'agit d'un renouvellement "pour quatre ans maximum, d’un marché en cours, dont l’échéance est prévue le 28 mars 2025". Le but est de sélectionner des prestataires pour effectuer une veille numérique "au bénéfice de l’ensemble des ministères et des services du Premier ministre" précise-t-on.
Selon les termes de l'appel d'offre, la demande porte sur "la fourniture d’outils et d’études de social et search listening (analyse des réseaux sociaux et des recherches en ligne, ndlr), de mesure d’impact sur les conversations en ligne pour détecter, analyser et mesurer les préoccupations et attentes des internautes vis-à-vis de l’action du Gouvernement et de l’actualité en général".
"Ce sont des outils complémentaires aux études d'opinion, qui se contentent d'analyser ce qui est diffusé (publiquement, ndlr) sur les réseaux sociaux" précise une source gouvernementale à Tech&Co.
Plusieurs lots sont prévus, dans le but de suivre les dynamiques des sujets abordés sur les réseaux sociaux. Par exemple, un prestataire sera chargé, grâce à des algorithmes, d'analyser les contenus qui sont largement commentés sur les réseaux sociaux.
Un autre lot sera attribué à un prestataire pour du "search listening". Selon les informations fournies par le SIG à Tech&Co, le but est "d’étudier les mots clés les plus spontanément recherchés afin d’enrichir les stratégies de communication".
"Aucune surveillance"
Là encore, il s'agit d'une stratégie de veille utilisée de longue date, en utilisant des prestataires spécialisés dans l'analyse des recherches Google. Évidemment, il ne s'agit pas d'accéder aux recherches personnelles des internautes, mais à la liste des mots-clés les plus recherchés par les Français.
Ces données sont publiques et partagées par Google avec des partenaires utilisant son API, une interface de programmation permettant de se "brancher" à ses services.
Enfin, l'un des lots sera destiné à trouver un prestataire capable de détecter "signaux faibles qualifiés pour distinguer ceux qui sont le plus susceptible de devoir être pris en considération par l’action publique". Autrement dit, des sujets qui ne sont que faiblement évoqués sur les réseaux sociaux, mais dont la dynamique montre qu'ils pourraient prendre de l'ampleur.
"Il n'y a aucune surveillance. Le but est simplement de prendre le pouls de la société française, comme tout gouvernement devrait le faire" assume ainsi une source gouvernementale, toujours auprès de Tech&Co.