400 millions de PC Windows 10 obsolètes: Microsoft offre un an de sursis gratuit, un début de réponse qui ne satisfait pas

La pétition contre la "Taxe Windows" de l'association HOP et ses 21 alliés - HOP
Après trois mois de silence, et le lancement d'une pétition française qui compte désormais près de 39.000 signatures et dénonce une "taxe Windows", Microsoft a enfin répondu à l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) et aux 21 autres organisations qui se sont jointes à son combat.
La lettre de quatre pages, que nous avons pu consulter, laisse les représentants de HOP sur leur faim, nous explique Flavie Vonderscher, responsable du plaidoyer pour l’association HOP. "Certaines annonces de Microsoft", remarque-t-elle, "nous semblent peu claires, puisque pas du tout communiquées aux consommateurs".
Un an de sursis en catimini?
La représentante de l’association fait en l'occurrence référence à un élément de la lettre, dont il n’avait pas été fait publicité jusqu'à présent. Dans son courrier, le géant de Redmond explique que pour "les appareils Windows 10 dans l’Espace Economique Européen (EEE) qui ne sont pas éligibles à la mise à niveau (plus de 86% ont au moins cinq ans) Microsoft a annoncé un programme ESU (Mises à jour de sécurité étendues)".
Un programme annoncé... en catimini. De fait, on trouve au moins une page sur le site de Microsoft qui détaille ce programme et qui semble avoir été mise en ligne ces derniers jours. On y apprend les prérequis pour profiter de ce programme qui prolongerait les mises à jour de sécurité critiques et importantes du 15 octobre 2025 au 13 octobre 2026... Un an de sursis, dont il est urgent de faire la publicité pour éviter les remplacements de PC inutiles, estime Flavie Vonderscher, "puisqu’il reste seulement deux semaines". Mais surtout un an de sursis, sous condition.
Selon le courrier de l'éditeur américain, le programme ESU sera ouvert gratuitement aux "clients particuliers de l’EEE", s’ils utilisent un compte Microsoft pour se connecter à Windows - une fonction qui n'avait pas fait que des utilisateurs heureux lorsqu'elle est devenue la norme. Quoi qu'il en soit, le respect de cette condition permettra aux utilisateurs de s’inscrire "au programme ESU sans frais", explique la société. Les entreprises, associations et institutions devront, elles, "acheter le programme ESU jusqu’à trois ans".
Un besoin de communication, et un manque de clarté
Malgré ces points plutôt positifs, bien que limités à un an, l’association HOP demande à Microsoft à la fois un "éclaircissement" - pourquoi un an seulement pour commencer? - mais surtout une "communication claire pour le consommateur, pour savoir s’il peut utiliser gratuitement Windows 10".
Par ailleurs, Flavie Vonderscher rappelle que cette extension gratuite ne concerne que les particuliers et pas "les entreprises ou les collectivités pour lesquelles renouveler une flotte de PC ou abonnement représente parfois plusieurs millions d’euros non prévus pour une année de sursis". Le danger d'un désastre écologique évitable est donc toujours présent.
Une épée de Damoclès qui, ajouté à la difficulté d’avoir un échange fluide et constructif avec Microsoft, incite l’association HOP à toujours porter la voix des utilisateurs.
"Nous continuons à appeler à signer la pétition, puisque nous voyons que ça fait bouger les lignes", assure Flavie Vonderscher, qui ne croit pas au hasard du calendrier.
"Nous avons eu une réponse de Microsoft qu’on attendait quand même depuis trois mois", lâche-t-elle, persuadée que le succès de la pétition est pour beaucoup dans ce retour.
Un travail de fond, en cours à deux niveaux
Mais la pétition est aussi un moyen de préparer l’après. "Si Microsoft revient sur sa position, tant mieux", reconnaît-elle. Mais, "si nous n’obtenons pas de résultats satisfaisants le 14 octobre, nous saisirons les pouvoirs publics", avertit-elle dès à présent. "Nous ne voulons plus jamais ça", martèle-t-elle. Et HOP, en la matière, a déjà en tête les objectifs à atteindre.
"Il faut une réglementation claire sur la durée de mises à jour pour les ordinateurs, et pour les autres équipements électriques ou électroniques."
Pour les PC, HOP vise quinze ans de suivi à partir de la date de commercialisation du dernier produit lancé avec ce système d'exploitation.
"Pour les autres produits, il faudra une réflexion un peu plus poussée", reconnaît-elle, rappelant qu’au niveau de l’Union européenne, pour les smartphones l’obligation de mise à jour logicielle est fixée à cinq ans. "Ce qui n’est pas énorme", glisse-t-elle.
Un exemple européen qui n'est pas pris au hasard non plus. Car HOP entend travailler à deux échelles, nationale et européenne, et de manière simultanée. Un travail de pédagogie auprès des législateurs français et de construction d’un socle de travail, exportable au niveau européen. Ainsi, Flavie Vonderscher ambitionne "une France pionnière" dans ce combat, qui aurait "un rôle fort au niveau de la Commission européenne pour justement imposer des outils" qui auraient déjà été mis en place dans l’Hexagone. Tandis qu'au niveau européen, l'association, au sein du mouvement Right to Repair, fera également entendre ses arguments.
Quoi de mieux pour porter ce combat que "la pression citoyenne de la société civile, avec la pétition, qui montre qu’il y a une attente", met-elle en perspective. Alors que la pétition approche les 40.000 signatures, Flavie Vonderscher aimerait en voir s’ajouter au moins 10.000. Si le résultat est déjà beau, "à 50.000 signatures, on aura encore gagné une certaine légitimité", estime-t-elle. 50.000 voix et plus que Microsoft ou les législateurs ne pourront pas ignorer…