Anne-Christine Poujoulat / AFP
"J'ai eu une bonne étoile": Alexis Mabille, de la couture au design
Le polymathe était l'invité de l'émission Iconic Business ce vendredi 5 mai. L'occasion de revenir sur sa, ou plutôt ses carrières, entre mode et art décoratif.
L'art dans les veines
Il y a des destins qui semblent tracer d'avance. Dès sa tendre jeunesse, Alexis Mabille voit la flamme de la création naître en lui, porté par une famille d'artistes et influencé par le berceau lyonnais où bon nombre d'ateliers d'artisanat rayonnent. "J'ai eu la chance d'avoir depuis petit une passion et d'avoir évolué dans un environnement où on m'a laissé actionner cette vocation", déclare le couturier sur le plateau d'Iconic Business.
"Mes proches étaient intrigués lorsque je dessinais et faisais de la couture" poursuit-il, reconnaissant d'avoir été encouragé vers cette activité grâce à la sensibilité artistique de sa famille.
"J'ai eu une bonne étoile"
Après des études à l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne, le designer en herbe fait notamment ses armes aux côtés de John Galliano et d'Hedi Slimane chez Dior. Après dix ans de collaboration, Alexis Mabille "quitte le groupe LVMH" pour monter sa propre maison en 2005. "Tout s'est fait d'une manière très fluide", raconte-t-il avec beaucoup de gratitude. "Il y a la passion mais parfois il y a les bonnes étoiles. J'ai eu une bonne étoile".
À la naissance de sa marque, le créateur s'adonne au prêt-à-porter et au prêt-à-porter mixte: un segment assez avant-gardiste pour l'époque. Au fur et à mesure du temps et par la force de rencontres, Alexis Mabille réalise ses premières collections de couture. Et rapidement, la demande prospère.
Parfois, les choses viennent à vous parce que vous êtes fait pour - Alexis Mabille
Si le membre officiel de la Fédération française de la Couture a toujours eu pour ambition de "créer son propre monde", son style est reconnaissable par cette "idée de frivolité", mêlant l'espiègle et le coquin à l'élégance et la sobriété. Ses coupes fluides, les lignes graphiques, ses combinaisons des codes féminins et masculins et son fameux nœud papillon participent à "embellir la femme sans la décorer". "J’aime aller à contre-courant de certains mouvements de mode" explique Alexis Mabille, qui entend s'adresser à une clientèle multiple.
La culture du design et de l'art décoratif
De prime abord renommé pour son parcours dans la mode et la haute couture, le directeur artistique de sa maison éponyme s'établit depuis quelques années dans un domaine cher à son cœur: le design. Alors que l'artiste multi-casquettes se passionnait pour l'art décoratif de manière personnelle et informelle, ce dernier a franchi une nouvelle étape il y a cinq ans.
Emmené par son attrait pour l'art décoratif, Alexis Mabille transforme ainsi ce qui était un passe-temps en agence spécialisée, BeauBow. Le bureau travaille sur la décoration d'hôtels, d'appartements et de restaurants, comme La Maison de La Truffe, le Carmona, Le Boeuf sur le toit ou encore Kaspia Los Angeles. Le créateur a aussi dévoilé, il y a deux ans, sa première collection de mobilier en séries limitées baptisée Interior Games.
On créé des concepts avec les groupes pour aller plus loin dans l’expérience culinaire - Alexis Mabille
Comme pour la mode, l'objectif principal d'Alexis Mabille est de "susciter de l'émotion". "Chaque domaine, de la couture au design, a ses parties ludiques et ses contraintes. Mon désir est de pousser l'artisanat le plus loin possible". "Une chose est réussie quand on est heureux de la faire. Si cela devient une routine ou une imposition laborieuse, le projet devient l’antithèse d’un résultat de passion" résume le designer. Un état d'esprit alliant savamment quête artistique et rigueur du luxe qui devrait continuer de faire rêver les amateurs de mode et de décoration.
