Dégradation, panne, fin de la 2G-3G... Vers une panne généralisée des ascenseurs en France?

Les Français vont-ils bientôt devoir se passer des ascenseurs? En mars 2024, la Fédération des ascenseurs publiait avec Ipsos son baromètre "Les Français et l'ascenseur". Il en ressortait que l'ascenseur était le premier moyen de transport du pays avec 100 millions de trajets par jour. Près de 8 Français sur 10 déclaraient l’utiliser régulièrement, et quotidiennement pour 28% d'entre eux. Les ascenseurs sont jugés par 57% des Français comme étant essentiels pour déplacer des charges occasionnelles, accompagner des personnes âgées (53%) ou encore des enfants en bas âge (41%).
Une place prépondérante dans la vie des Français qui risque de perdurer puisqu'"en parallèle, la population française vieillit et perd de son autonomie. En 2030, 1 Français sur 3 aura plus de 60 ans, et pour la première fois, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans", souligne le baromètre.
La France en retard
Pourtant, le parc ne compte que 645.000 appareils en fonctionnement. La France est aujourd’hui sous-équipée en ascenseurs. "Elle accuse un retard sensible par rapport à ses voisins européens. On compte en effet seulement 8 ascenseurs pour 1.000 habitants en France, contre 23 pour 1.000 en Espagne ou 17 pour 1.000 en Italie. La moyenne européenne est de 11 pour 1.000", affirme la Fédération des ascenseurs. Un sous-équipement donc, mais également une vétusté. 320.000 ascenseurs ont plus de 30 ans. 25% des ascenseurs ont même dépassé les 40 ans.
Et les obstacles quant à leurs entretiens s'accumulent. En octobre dernier, la Fédération alertait sur la fin de la 2G-3G. Les opérateurs téléphoniques ont décidé de fermer ces réseaux fin 2025-2026 pour la 2G et fin 2028-2029 pour la 3G. Or, les dispositifs de téléalarme dont sont équipés les ascenseurs pour permettre à un usager bloqué en cabine d’alerter un service extérieur d’intervention rapide utilisent actuellement les réseaux 2G et 3G pour transmettre les demandes de secours.
La Fédération estime qu’il faudra mettre à jour, voire remplacer 232.000 systèmes communicants en 2G d’ici fin 2026 voire fin 2025 pour certains, et 58.000 systèmes communicants en 3G d’ici 2028-2029. Près de 50% du parc ascenseur est équipé en 2G-3G. Ce système de téléalarme est obligatoire dans un ascenseur. La Fédération s'inquiète donc: "Ces ascenseurs, s’ils ne sont pas modifiés, ne respecteront plus la réglementation, et ne permettront plus à un usager bloqué de transmettre une alarme en cas de besoin, ce qui est susceptible d’imposer une mise à l’arrêt de l’appareil".
Des dégradations dues aux incivilités
La Fédération des ascenseurs pointe également du doigt les difficultés rencontrées dans des copropriétés dégradées situées dans des quartiers prioritaires, et pour lesquelles, en plus, les charges ne sont pas payées: "cette situation chronique compromet fréquemment la maintenance des équipements et aggrave le cycle des pannes". Elle note également le vandalisme et les incivilités. "Les dégradations, fréquentes dans certains quartiers, mettent en danger la sécurité des techniciens tout autant que celle des usagers. Le vandalisme concerne 25 à 40% des pannes en moyenne, en fonction des immeubles, et jusqu’à deux tiers des interventions, constat fait par des bailleurs eux-mêmes".
Jeudi 23 janvier, les députés devront se prononcer sur une proposition de loi visant à lutter contre les pannes d'ascenseurs non prises en charge. Mais elle n'est pas du goût de la Fédération. "Cette dernière fait supporter le risque et le poids économique de la vétusté du parc ascenseur et du vandalisme aux ascensoristes et in fine aux propriétaires", dénonce la Fédération des ascenseurs qui ajoute: "Cette proposition de loi entraînerait mécaniquement une hausse considérable des coûts des contrats d'entretien, ce qui affecterait également les usagers, notamment les plus vulnérables". Aujourd'hui, "il n’y a pas d’augmentation constatée des pannes, le taux de disponibilité est de 99% et seulement 0,3% des pannes sont supérieures à 48h", précise la Fédération à BFMImmo. Mais cela risque donc de ne pas durer.