Le BTP se soucie de sa main d'œuvre étrangère

Le BTP se soucie de sa main d'oeuvre - Wikimedia
« La France n'a pas besoin de maçons issus de l'immigration, car elle dispose de la ressource nécessaire », affirmait en mai dernier le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur les ondes d’Europe 1. Déjà en avril, le ministre avait confié au Figaro Magazine qu’il fallait réduire « le nombre de personnes admises au titre de l'immigration du travail (20 000 arrivées par an)». Ces petites phrases ont déclenché l’ire des professionnels du BTP, dont le tiers de la main d’œuvre (28 %) est étrangère, selon l’enquête réalisée par Le Moniteur. Interrogés sur la politique de « maîtrise de l’immigration professionnelle menée par le gouvernement », 51 % des sondés désapprouvent.
Une main d’œuvre essentielle pour le secteur
« Le BTP ne peut pas se passer de cette main d’œuvre venant de l’étranger », pour 65 % des professionnels du secteur. Cette tendance s’accentue dans les entreprises de plus de 250 salariés qui sont plus catégoriques (85 %). Logique, puisqu’elles enregistrent un taux bien supérieur à la moyenne avec 58 % de main d’œuvre étrangère au sein de leurs effectifs. D’ailleurs, selon Le Moniteur, plus une entreprise du BTP a de salariés, plus la part des travailleurs immigrés est importante. Certaines entreprises voient en ces employés un ajustement du personnel gérés au cas par cas, chantier par chantier. Ce n’est pas le cas pour Nathalie Turon-Lagau, DRH de l'entreprise de gros œuvre Hervé questionnée par Le Moniteur : « sur 150 compagnons, nous comptons 45 Français. Les autres sont Portugais ou Africains ». Par zones géographiques, l’enquête estime que ces ouvriers de chantier proviennent à 27 % de l’Union européenne, parmi les 28 % qu’elle représente. Hors de l’UE, ce taux passe juste en dessous des 14 %.
Des tensions redoutées pour le recrutement futur
De là, se pose la question du recrutement futur, qui inquiète 33 % des entreprises interrogées à cause des tensions qui pourraient résulter des lois à venir sur l’immigration professionnelle. La crainte sur le recrutement avoisine les 50 % dans le secteur des « Travaux publics et terrassement ».
Paradoxalement, l’embauche des étrangers a été facilitée par la loi Hortefeux du 20 novembre 2007 : « la possibilité de régularisation sur demande de l'employeur est possible, à condition que le salarié travaille dans un secteur qui connaît des difficultés de recrutement et soit sous contrat ferme d'un an minimum ». Mais ce n’est pas la ligne conduite choisie par le gouvernement à l’heure actuelle : les visas octroyés pour l’immigration professionnelle, au nombre de 16 000 en 2010, ont baissé de près de 20 % par rapport à l’année précédente, selon le ministère de l’Intérieur.