"Réguler de manière ciblée": Airbnb va partager ses données avec les maires des villes françaises

Les réglementations à l'encontre de Airbnb se multiplient. Dans ce contexte, l'entreprise de location de courte durée veut montrer patte blanche et assure coopérer avec les maires. À la veille du congrès des maires de France, elle lance un portail de données mis à disposition des villes, a annoncé le directeur France et Belgique de l'entreprise, Clément Eurly ce lundi sur franceinfo.
Les maires auront notamment accès au nombre de logements loués sur la plateforme ainsi qu'à leur statut: résidence principale, résidence secondaire ou logement uniquement dédié à la location saisonnière. Ils pourront aussi visualiser le nombre de voyageurs, leur origine, le nombre de nuités, l'impact économique et l'équilibre entre les locations meublées de tourisme et l’hébergement réel dans la commune.
"Aujourd'hui, nous fournissons déjà ces informations à 350 villes de zones tendues. Maintenant tous les maires y auront accès et les données seront présentées de manière beaucoup plus visuelles", détaille Clément Eurly.
Des données pour réguler "de manière ciblée"
La semaine dernière, le Parlement a définitivement voté une loi de régulation de la location de courte durée. Elle prévoit un certain nombre de mesures dont les maires peuvent se saisir afin de limiter la location Airbnb sur leur commune.
Parmi elles, la possibilité de mettre en place des quotas de meublés de tourisme par quartier. Une mesure à laquelle Airbnb "n'est pas opposée", assure Clément Eurly.
À condition de "réguler quartier par quartier, de manière ciblée et proportionnée".
Le portail de données doit les y aider. Mais attention, ces informations ne seront pas accessibles à tous et seront réservées aux maires et à leur équipe. Pourtant, depuis des années, des associations réclament plus de transparence. Faute d'accès direct à ces données, le Collectif national des habitants permanents a développé sa propre carte des logements loués sur Airbnb, une carte contestée par l'entreprise.
Selon d'autres données, récoltées par la plateforme spécialisée dans l'analyse de la location de courte durée AirDNA, le nombre d'annonces a augmenté de 48% en France entre 2019 et 2024.
"Un impact négatif sur le pouvoir d'achat"
La loi "Airbnb" prévoit également la possibilité pour les maires de limiter à 90 jours la location d'une résidence principale, contre 120 jours maximum actuellement. Mais selon Clément Eurly, cette mesure n'aura aucune incidence sur l'offre de logement longue durée disponible.
"Il s'agit de résidences principales, votre domicile, que vous ne pourriez plus louer autant de jours dans l'année qu'auparavant", pointe-t-il.
Selon lui, cette mesure "n'a qu'un impact négatif sur le pouvoir d'achat, sur la capacité d'accueil touristique, sur l'économie locale et la génération de taxe de séjour pour la commune".
La loi prévoit également de raboter l'avantage fiscal des locations de courte durée, et de soumettre les nouveaux meublés de tourisme au calendrier du DPE, qui prévoit l'interdiction à la location des passoires thermiques.