1.000 candidatures pour un studio: pourquoi trouver un logement à louer devient mission impossible

C'est une discipline qui demande persévérance et réactivité. La recherche d'un appartement à louer peut durer des semaines, certains étudiants renonçant même à leurs études faute d'avoir trouvé. Et cette rentrée sera sans doute encore plus compliquée que la précédente.
Illustration de cette crise du logement qui n'en finit pas, les candidatures se comptent par centaines. Un studio de 12m² à 615 euros posté sur la plateforme Beanstock a reçu plus de 1.016 candidatures en deux semaines. Et la situation ne fait qu'empirer.
Cette explosion de la demande de biens à la location est d'autant plus visible quand on compare un même logement mis sur le marché deux rentrées de suite. On a par exemple un studio de 14m² pour 710 euros par mois à Paris qui avait reçu 335 candidatures en une semaine à la rentrée 2023. C'était 566 cette année, soit une augmentation de près 70%, selon les données de Beanstock.
Et les tendances sont similaires à Marseille et Lille. Dans la cité phocéenne, un appartement de 27m² à 650 euros par mois avait reçu 126 candidatures en une semaine en 2023, contre 147 en 2024 (+17%).
Même chose dans la capitale des Flandres: 208 dossiers avaient été déposés pour un studio de 21m² affiché à 680 euros par mois lors de la rentrée 2023. Remis sur le marché en 2024, le même appartement a reçu 252 candidatures (+21%).
De moins en moins de logements à louer
En parallèle l'offre de logements disponibles dégringole. Selon les dernières statistiques du site Bien'Ici, au niveau national cet été, le nombre d'annonces a baissé de 16% par rapport à l'été dernier. Le volume d'annonces à la location a même été divisé par deux par rapport à l'avant Covid.
Au niveau local, le nombre de logements disponibles à la location chute de 21% sur un an à Aix-en-provence, de 25% à Bordeaux, de 29% à Paris. La baisse est même de 40% à Angers et à Marseille. À Lyon, Strasbourg, Lille et Nice, le volume d'annonces a carrément été divisé par deux. Enfin dans la très étudiante ville de Rennes, l'offre a fondu de près de 80%.
Non seulement il y a moins d'annonces au global, mais les logements à louer aux tarifs les plus abordables (ou les moins prohibitifs) se raréfient. Chez Beanstock, le nombre de biens à louer à Paris à moins de 900 euros par mois est passé de 1.250 à la rentrée 2021 à 190 en cette rentrée 2024.
Pourquoi y a-t-il si peu d'offres?
La première hypothèse est que les propriétaires qui ont mis leurs biens à la location pendant les Jeux olympiques tardent à les remettre sur le circuit traditionnel de la location logue durée. La plateforme Bien'ici confie espérer un afflux de biens courant septembre après la période olympique.
Deuxième raison, les propriétaires sont de moins en moins incités à investir: fiscalité locale, plafonnement des loyers, obligations de rénovation énergique, fin du dispositif Pinel dans le neuf qui offrait de belles ristournes fiscales à ceux qui achetaient un bien pour le mettre à la location. L'investissement locatif est de moins en moins rentable, ce qui incite les propriétaires à revendre leur bien immobilier (par exemple à un propriétaire occupant) plutôt qu'à le louer. Ce qui fait donc sortir des logements du parc locatif privé.
En outre, les taux d'intérêts restent un frein indéniable. S'ils repartent clairement à la baisse, ils sont toujours bien plus hauts qu'il y a trois ans. À cause de ces taux de crédits élevés qui rognent le pouvoir d'achat, les locataires ne se précipitent plus pour acheter. Ils restent donc de plus en plus longtemps dans les logements qu'ils occupent.
Et ça se voit sur la durée des baux. En 2022, chez le gestionnaire Imodirect, un bail était signé pour 30 mois en moyenne, contre 40 mois aujourd'hui. Cela signifie que les locataires restent presque un an de plus dans leur appartement.
Pour les studios meublés, cible prioritaires des étudiants et jeunes actifs, la durée moyenne est passée de 18 à 26 mois. Et les conséquences de cette crise du marché locatif pour les étudiants sont considérables.
Faute de logements disponibles, ils sont 31% à avoir retardé leur passage à une vie autonome, selon un sondage Opinionway publié en juillet. 20% d'entre eux ont dû retourner chez leurs parents alors qu'ils avaient déjà quitté le cocon familial et 12% ont renoncé à poursuivre leurs études.
Les conseils pour dénicher un logement
Dans ce contexte, comment mettre toutes les chances de son côté pour trouver un logement à louer? Face à la concurrence accrue entre les candidats, le minimum sera d'être prêt à dégainer votre dossier numérisé et complet dès la visite.
Il faut aussi présenter des garants solides ou une garantie Visale. Cette garantie publique et gratuite assure le propriétaire du paiement des loyers. Il suffit d'aller sur le site de la garantie Visale avant la visite pour obtenir un numéro d'agrément.
Pour vous démarquer des autres candidats, certains documents peuvent aussi faire la différence. Comme une lettre de recommandation de votre ancien propriétaire si ce n'est pas votre première location. N'hésitez pas non plus à dire si vous exercez une activité professionnelle en plus de vos études.
Vous pouvez aussi éplucher les réseaux étudiants pour des bons plans. Soignez également votre identité numérique en faisant attention aux photos compromettantes sur les réseaux sociaux, surtout si vous êtes particulièrement fêtard.
Vous pouvez enfin envisager la colocation en faisant une recherche sur les sites dédiés Appartager, colocatère, locservice ou la carte des colocs. La dernière option peut être d'élargir le champ de recherche en fonction des transports en commun disponibles.