Les prix immobiliers en Chine n'augmentent plus dans les grandes villes

Vue d'un immeuble à Shanghai. - Unsplash
La reprise dans la deuxième économie mondiale montre des signes d'essoufflement cette année. Et le marché de l'immobilier est toujours à la peine selon des données officielles.
Ainsi, les investissements en capital fixe ont ralenti sur les 11 premiers mois de l'année, à 5,2% sur un an (contre 6,1% à fin octobre), a annoncé le Bureau national des statistiques de Chine (BNS). Le refroidissement est particulièrement marqué dans l'immobilier. Le secteur est plongé dans l'incertitude depuis plusieurs mois en raison du resserrement réglementaire des autorités visant à limiter le recours au financement des promoteurs très endettés, comme le géant Evergrande.
Sur les 11 premiers mois de 2021, les investissements dans l'immobilier n'ont ainsi augmenté que de 6% sur un an, un ralentissement par rapport à janvier-octobre. Autre signe d'essoufflement après des années de progression exponentielle: les prix des logements anciens dans quatre métropoles du pays (Pékin, Shanghai, Canton, Shenzhen) ont reculé de 0,2% en novembre sur un mois, selon le BNS.
En septembre dernier sur un an, les prix des logements neufs avaient eux aussi commencé à baisser, une première depuis 6 ans, dans un contexte de méfiance des acheteurs face au risque de faillite de plusieurs promoteurs. Selon les calculs de l'agence d'information financière Bloomberg, les prix avaient ainsi baissé en moyenne de près de 1%.
Par ailleurs, les ventes ont aussi fortement ralenti ces derniers mois dans l'ancien. En septembre, les ventes de logements ont ainsi baissé en valeur de 16,9% sur un an, selon des calculs de l'AFP à partir de données officielles. Cette chute était de 19,7% un mois plus tôt.
Crise des promoteurs
Les signaux d'alerte se multiplient sur l'immobilier chinois ces derniers mois. L'action du promoteur immobilier Shimao a plongé mardi à un plus bas depuis dix ans, alimentant les inquiétudes autour de ce secteur lourdement endetté en Chine. Shimao est le dernier groupe immobilier du pays à s'enfoncer dans la crise avec une action cédant près de 34% ces cinq derniers jours. La société, treizième promoteur immobilier de Chine en termes de ventes contractées, compte environ 10,1 milliards de dollars (8,9 milliards d'euros) d'obligations en circulation en Chine et à l'étranger.
Shimao et ses filiales devront refinancer ou rembourser 2,5 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros) d'obligations arrivant à échéance en 2022, selon les données de Bloomberg, avec un remboursement de 4,7 millions de dollars dus vendredi et un autre de 314 millions de dollars en janvier.
Dans un communiqué publié par Bloomberg, Shimao a imputé lundi à des rumeurs de marché non précisées la responsabilité de la vente de ses actions et obligations. Les groupes immobiliers chinois sont en difficulté depuis les mesures prises l'an dernier par Pékin pour assainir un secteur criblé de dettes et marqué par la spéculation effrénée des particuliers.
La semaine dernière, le géant Evergrande a fait défaut sur des emprunts totalisant 1,2 milliard de dollars et le plus modeste Kaisa n'a pas pu rembourser 400 millions de dollars. Lestées par les pertes de Shimao, les valeurs immobilières chinoises sont en passe de tomber à leur plus bas niveau depuis mars 2017, selon un indice de l'agence de presse financière. Les analystes de JP Morgan Chase ont abaissé mardi la note de l'entreprise à "sous-pondéré", évoquant des "préoccupations accrues sur la liquidité" et recommandant une position baissière.