Hors renégociations, les banques n'ont jamais autant accordé de crédits immobiliers
Si le marché immobilier semble avoir marqué un peu le pas cet été, un nouveau chiffre vient rendre compte de la frénésie d'achats immobiliers qui a eu lieu au printemps. La production de crédits à l'habitat a ainsi battu un record au premier semestre, selon les données publiées en août par la Banque de France.
Les banques ont octroyé 110,7 milliards d'euros de crédits à l'habitat hors renégociations au cours des six premiers mois de l'année. C'est 23 milliards de plus que l'an passé, soit 26,8% de hausse par rapport à la même période de 2020. L'année avait pourtant commencé timidement, avec une production en repli de 11% sur un an pour la période janvier-février. Mais le marché immobilier avait repris à un rythme très soutenu au printemps. Rien qu'en juin, la production de prêts immobiliers (toujours hors renégociations) a atteint 21,3 milliards d'euros, un plus haut historique.
Si on prend également en compte les renégociations, on grimpe à 133,9 milliards d'euros au premier semestre (+5% sur un an). Et pour juin, un niveau élevé de 25,7 milliards d'euros. En dehors de février 2020, ces montants n'avaient plus été vus depuis 2016-2017. Mais à l'époque, il y avait un mouvement exceptionnel de renégociations de crédits immobiliers du fait de la baisse des taux d'intérêt.
Des taux à des niveaux historiquement bas
"Si l'on a déjà connu par le passé des chiffres mensuels de production de crédits supérieurs (à ceux de 2021, NDLR), à 26 milliards d'euros en février 2020, mais surtout en 2017, à près de 40 milliards d'euros, près de 60 % de la production étaient des renégociations de crédit. Actuellement, c'est tout le contraire : la production de crédits est liée à 83 % à des transactions immobilières, dont le nombre atteint également des records, témoignant du dynamisme du marché et de la vigueur de la demande, des primo-accédants, qui représentent 45% de nos clients, mais aussi des secundo-accédants et des investisseurs qui ont plus de facilité à emprunter en 2021", explique Sandrine Allonier, directrice des études du courtier Vousfinancer.
Les taux sont en effet toujours à des niveaux historiquement bas. Chez Vousfinancer, ils atteignent en moyenne en août 0,95% sur 15 ans, 1,15% sur 20 ans et 1,35% sur 25 ans. Les meilleurs dossiers peuvent même décrocher des taux à 0,50% sur 15 ans, 0,80% sur 20 ans et 0,90% sur 25 ans. "Si durant la période estivale, les banques ont moins été en phase de conquête de clientèle, notamment parce qu'une partie de leur personnel était en congés, mais également parce qu'il y a moins de transactions et d'activité sur le marché durant cette période, elles préparent dès maintenant la rentrée de septembre, traditionnellement riche en transactions immobilières... On pourrait ainsi assister à de nouvelles baisses de taux sur les barèmes qui nous seront communiqués début septembre", ajoute Sandrine Allonier dans un communiqué.
Mais avec l'obligation de respecter les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), le robinet du crédit pourrait être un peu resserré. Pour rappel, les recommandations sur les conditions d'octroi pour les crédits immobiliers sont un taux d'endettement maximal de 35% des revenus (assurance comprise), contre 33% auparavant, une durée d'emprunt limitée à 25 ans maximum sauf pour l'achat en Vefa (avec un allongement jusqu'à 27 ans s'il y a une période de différé d'amortissement de deux ans), et un taux de dérogation à ces règles limité à 20% de la production de crédit immobilier des banques (contre 15% avant décembre). Ces recommandations doivent être transformées en "une norme juridiquement contraignante" cet été, avait confirmé en juin le HCSF. Or, les banques ne les respectent pas toujours. Les courtiers craignent donc qu'elles durcissent les conditions pour obtenir un prêt en fin d'année.